Apaiser des peurs sur le déroulement d'une anesthésie générale
Podcast du CHU de Lille sur la peur de l'anesthésie
Bonjour à tous,
j’ai écrit il y a fort longtemps une note intitulée “la peur de l’anesthésie”. Prosaïquement intitulée pour gagner les faveurs de Google et du référencement. Cette question revient souvent en consultation. Des craintes peuvent être justifiées, d’autres beaucoup moins. Les associations d’idées, l’imaginaire et les conversations peuvent nourrir des peurs avant une intervention chirurgicale.
J’ai donc eu l’idée, inspiré par le travail de médecins outre-atlantique, d’écrire un nouveau texte, plus à jour avec mes idées, et de le lire à haute voix pour que les patients puissent l’écouter chez eux.
Voici le résultat, accessible sur YouTube :
Je vous présente mes excuses pour les petits couacs sonores, malgré des précautions prises, nous avons eu à subir des bruits importants dans l’environnement.
Pour des collègues soignants qui voudraient rapidement accéder aux idées avant d’écouter (je comprends qu’il est délicat de demander du temps d’attention soutenue), je vous partage mon texte. Reprenez-le, modifiez-le et utilisez le pour vos patients si vous le jugez bon.
Bonjour,
Je suis le docteur Rémi, je suis médecin anesthésiste au CHU de Lille.
En consultation d’anesthésie, on me dit parfois : « Docteur, j’ai confiance en l’opération mais j’ai peur de l’anesthésie ». Si vous êtes dans ce cas, je vais vous expliquer à travers ce message audio que c’est tout fait compréhensible, banal et même souhaitable !
Autant, on comprend bien quel est le travail du chirurgien ou d’un cardiologue, autant l’anesthésie est souvent un peu mystérieuse et méconnue dans la population générale. Nous faisons, heureusement, peu d’expériences de l’anesthésie et lorsque nous en avons déjà vécu, nous avons peu de souvenirs. C’est normal car les médicaments d’anesthésie endorment la conscience et les sensations. Il est ainsi normal que l’on n’ait pas pu former de souvenirs. Ainsi, il est tout à fait normal, logique et humain d’être inquiet vis à vis d’une situation nouvelle et inconnue. C’est tout à fait sain de se poser des questions !
L’objectif des techniques d’anesthésie est que tout le monde soit confortable pendant l’opération : vous bien sûr, mais aussi le chirurgien pour lequel il est important que vous soyez immobile pour faire son travail. Rassurez-vous, le sommeil que procure les médicaments d’anesthésie est bien plus profond que le sommeil naturel, vous resterez immobile tout le long de l’opération, même si vous savez être régulièrement mobile ou agité dans votre sommeil naturel.
Alors que vous êtes immobile, dans une sorte de sommeil profond, tout le reste de votre corps continue de fonctionner normalement. Le cœur bat à un rythme régulier et les poumons oxygènent votre sang. C’est le travail de l’équipe d’anesthésie de surveiller ça tout au long de l’opération. Finalement, l’anesthésie permet simplement de poser temporairement un léger voile opaque sur la conscience.
On me dit parfois « surtout réveillez-moi docteur ! »
Le travail des médecins anesthésistes c’est de définir la meilleure façon de rendre possible l’opération pour vous selon votre état de santé. Puis, on veillera sur vous tout au long de l’opération pour permettre enfin un réveil de qualité. Et celui-ci se fera aussi grâce à vous !
Pourquoi est-ce que je dis ça ?
Ça vous intrigue ?
Je vous dois quelques explications. On imagine souvent que le médecin anesthésiste calcule une dose de produit pour une durée bien établie d’opération. En réalité, on travaille autrement : au démarrage de l’opération, on vous donne progressivement des médicaments d’anesthésie à dose progressive jusqu’à ce que l’on constate votre endormissement. Ensuite, on continue de fournir à votre corps des médicaments pour maintenir votre état *tout au long de l’opération*. C’est seulement une fois l’opération complètement terminée que l’on arrête ces médicaments et votre corps les élimine en une dizaine de minutes favorisant le réveil. Le voile disposé sur votre conscience est envolé !
Parfois, il y a d’autres craintes, d’autres peurs, comme des questions sur le respect de la pudeur par exemple. Soyez tout à fait rassurés que nous veillons à préserver votre pudeur. D’une part parce que nous faisons notre travail pour aider les gens avec humanité et ça ne peut se faire que dans le respect de leur corps ensuite parce qu’il est fondamental de conserver votre chaleur corporelle. Dans tous les cas, si vous avez une crainte spécifique, exprimez-vous auprès de l’équipe qui vous accueillera pour que les soignants soient d’autant plus attentifs sur ce qui vous préoccupe.
Maintenant, si vous êtes d’accord, je vous propose un petit exercice pour faciliter l’assimilation des explications et l’apaisement.
Je vous invite à vous concentrer très attentivement sur un point dans la pièce qui vous entoure. Cela peut-être un petit quelque chose qui intrigue votre regard là bas au loin sur le mur ou un détail au plafond, là au dessus de vos yeux.
Voilà, c’est bien, gardez les yeux bien grands ouverts sur cet objet de fixation que vous avez choisi.
Continuez encore quelques instants.
Peut-être que la vision se modifiera un peu. C’est normal.
Les paupières auront peut-être envie de se fermer à un moment. Vous pouvez les fermer pour la suite. Si ça n’est pas le cas, c’est bien aussi.
Voilà, très bien.
Peut-être que votre attention se tournera naturellement vers votre respiration
Prenez un instant pour observer comme ce mouvement se fait tout seul, simplement, automatiquement.
Ok, dorénavant, je vous propose de vous concentrer sur la façon dont votre corps est installé. Vous pouvez commencer par la jambe droite…
Peut-être que par moment, vous constaterez que certains petits endroits du corps sont plus relâchés ou plus tendus que d’autres, ça n’a pas d’importance pour notre exercice. C’est par contre très bien si vous avez pu percevoir des petites subtilités comme ça, je vous félicite.
Pour les moteurs de recherche : je ne veux plus me faire opérer, comment ça marche l’anesthésie ? c’est quoi le rôle d’un anesthésiste ? que fait un anesthésiste ? j’ai peur de ne pas me réveiller