Débilité réelle
notre appétence pour le confort va-t-elle encore s'accélérer et nous détruire ?
Je viens d’ouvrir une bouteille de ma bière préférée du moment : la Viven Nada, une excellente bière sans alcool que je vous recommande. C’est pour m’ancrer chez moi, à côté de mon ordinateur et bien entériner le fait que j’ai la flemme d’aller courir le soir dans la nuit de novembre. J’essaye donc d’avoir une sorte de moment créatif pour faire quelque chose qui ait du sens en écrivant un billet de blog. Je vous avoue que je suis un peu en déliquescence de ce côté là. J’ai envie de retrouver une forme de productivité et donc je me « force » à taper un texte, fut-il court, fut-il inintéressant, je tape.
J’ai envie de parler un peu de l’intelligence artificielle alors qu’on approche de la date anniversaire de la diffusion au grand public de Chat-GPT 3.5. Open AI avait frappé un grand coup en balançant ça dans la nature. J’avais appris la mise à disposition suite aux multiples partages sur Twitter de copies d’écran de prompts sur tout un tas de sujet. Il y avait vraiment un truc magique au premier usage et je pense qu’on est nombreux à avoir eu une première expérience marquante. C’était un choc ! (et d’ailleurs c’est la première fois que j’ai senti que la giga puissance Google/Alphabet pouvait vaciller (cf billet sur le stock picking) et avec les frasques récentes d’OpenAI ça remettait encore tout en question !!). Puis rapidement, on voit les premières bourdes sur tout un tas de sujets, soit chat-GPT raconte des trucs faux et on les capte rapidement, soit on voit des erreurs de « raisonnements » de la part d’un truc qu’on espérait intelligent comme nous le serions. On appelle ça des hallucinations.
En fait, lorsqu’on comprend (un peu) la fonction de génération de texte, on comprend que Chat-GPT est surtout très bon pour raconter des histoires. C’est troublant parce qu’il peut prendre le masque d’un expert pour écrire sur un sujet mais il n’aura pas une connaissance profond du sujet et peut se mettre à raconter n’importe quoi tout en étant crédible par le ton, le vocabulaire, etc. Ca fait partie des aléas de la communication, sujet qui m’intéresse hautement dans le soin, où finalement on comprend une nouvelle fois que le message peut être fortement modulé par la façon de le délivrer.
On reste quand même frappé par le fait qu’un modèle de langage informatisé puisse être si bon à créer une histoire. Ainsi, il y a quand même une sorte d’acte créatif, automatisé certes, mais tout de même. Et on peut être estomaqué par le fait que des trucs qu’on pensait profondément humain soient copiables par des ordinateurs. L’intelligence artificielle crée facilement des histoires, des images et de la musique !
Et pour les gens qui vivent dans un univers intellectuel où tout peut se faire au travers d’un clavier et d’un écran, on voit poindre plein de questions sur la perte de valeur de leurs métiers. Finalement, le coiffeur a de beaux jours devant lui quand le pondeur de Powerpoints dans l’entreprise lambda voit ses jours comptés ?
De là m’est venu à penser que l’activité physique, l’action dans le monde réel, étaient des trucs fondamentaux qu’il nous restait ! Quand un super LLM écrira nos mails à notre place, il sera d’autant plus important de faire des actions concrètes, avec notre corps, pour ne pas voir complètement dépérir notre élan vital. Ainsi, soulever de la fonte, jouer avec un ballon ou nager pourraient prendre une nouvelle dimension. Ca pourrait même devenir un acte de résistance face à la loukoumisation totale de nos existences qui prendrait forme d’une sorte d’Idiocracy catalysé par l’IA. Je note en passant que ce phénomène est sans doute déjà entamé par l’excès de réseaux sociaux et leurs sales manies de faire des algorithmes pour nous énerver ou nous transformer en rats de laboratoire réclamant leur shoot de dopamine en scrollant nos écrans.
image générée avec Midjourney bien sûr…
post-scriptum : je vous invite à parcourir ce compte Twitter pour voir quelques créations avec Stable Diffusion : https://twitter.com/DiffusionPics