Entre 2024 et 2025, dans le bout d’an comme disent les méditerranéens, j’ai réussi à écouter cinq épisodes de podcast avec Jean-Claude Ameisen. Il s’agit des épisodes d”À voix nue” de France Culture où l’immunologiste de renom est interviewé. J’insiste sur le mot réussi, car, habituellement, sa voix m’endort. Son ton grave, calme et posé, exerce une prosodie qui a cet effet ambivalent : captiver ou endormir son auditoire. Pour moi c’est tellement puissant que j’ai même tendance à le conseiller pour se sortir d’une insomnie ponctuelle et retrouver Morphée.
J’ai trouvé ces cinq épisodes fascinants. J’ai une impression de sincérité lorsque Jean-Claude Ameisen raconte le soin et de la recherche ancrés dans un humanisme fort et déterminant. Il y a quelques passages techniques où il parle de l’apoptose et je me suis souvenu de son livre La Sculpture du Vivant que j’avais dévoré lors de précieuses vacances en Italie. C’était l’époque des premières années de Médecine et j’étais très attaché aux sciences fondamentales. J’étais abonné à Médecine/Sciences dont je ne comprenais qu’une fraction des articles mais les magnifiques schémas me fascinaient. Ah la biologie cellulaire… les dessins du Pr Formstecher au tableau noir dans l’amphi prof’… J’étais inscrit avec beaucoup d’enthousiasme à ce qu’on appelait alors la MSBM (Maîtrise de Sciences Biologiques et Médicales) et je suivais des cours en rab’ avec des enseignants qui arrivaient plus ou moins bien à communiquer leur passion pour leur sujet. C’est marrant comme je me souviens quand même encore des chaînes de caspases, des protéines avec leurs noms dignes de métalleux (Death Domain !!) et le lien mythologique avec les Trois Parques.
Ces souvenirs me transportent dans un espace mental où j’étais très attaché à l’idée de compagnonnage. Je cherchais un Maître, une figure comme doit être le Pr Ameisen, à côté duquel j’aurais aimé travailler. C’est quelque chose d’assez profond en moi qui n’a pas été assouvi. Je ressens à la fois une forme de manque indescriptible et j’ai par la suite façonné une forme de fierté à avoir suivi le chemin de ma propre curiosité. Je me souviens d’ailleurs avoir été très touché par la lecture de La Confusion des Sentiments de Stefan Zweig. Je vous avoue qu’aujourd’hui, je suis coincé entre une forme de pudeur et l’incapacité d’écrire ce que je voudrais sur ce sujet. Peut-être parce que j’écris très instinctivement et que j’adhère aussi à l’idée de ne pas passer son temps à regarder derrière pour avancer ;)
Quoiqu’il en soit, ces podcasts m’ont donné envie de retourner écouter et lire Jean-Claude Ameisen et je vous encourage à le faire.
Bonne année 2025 à tous !