Hello,
juste un petit repost d’anciennes notes pour les faire vivre… Après une petite discussion dans le groupe de vélo de Lille Tri hier, je me disais que le savoir ancestral sur les Points-Routes ne devait pas se perdre ! Surtout qu’on peut gamifier la sortie vélo en passant en mode low tech, en rangeant son GPS et ses traces qui bipent sans arrêt pour suivre une gentille bande de papier qu’on scotche sur son cadre.
Plus geek, le site Veloviewer, à relier à Strava vous propos des stats pour vous motiver à explorer des coins inhabituels ou à faire ce petit km en rab en fin de sortie : le jeu “Ride Every Tile” aka “les petits carrés” et le nombre d’Eddington.
Je reposte donc ici à la queue leu leu (comme sur les départementales) des billets de blogs sur ces sujets.
Faire du vélo autour de Lille
Ok : à l’est c’est possible par le canal de Roubaix de filer en Belgique entre Courtrai et Tournai (que je mélange allègrement), mais les chemins de halages sont défoncés par les racines et le gel. A l’ouest, y’a quelques routes sympa dans les Weppes (dont un parcours cyclo flêché) mais je trouve personnellement les départementales un peu trop roulantes pour les véhicules motorisés. Au sud, bof, j’ai testé pour vous, c’est jouable mais pas sexy.
Le mieux pour faire du vélo autour de Lille c’est de filer vers le nord et la Belgique et c’est ce que font la majorité des clubs cyclos du coin.
Si j’écris grosso modo le cap, ça donne :
Aller à Lambersart via la D751, puis suivre l’avenue de l’Hippodrome
Pour vous éviter les gros carrefours qui nourrissent la rocade nord, vous pouvez prendre la rue Monge, puis la rue de Verlinghem, puis la rue Ferdinand de Lesseps puis reprendre la rue de Lambersart.
Là deux choix, soit (1) tout droit vers Verlinghem et/ou quelques zigzags dans la campagne ; soit (2) rapidement à gauche (rue Paul Brame) pour basculer sur Lompret
Ensuite, à Verlinghem, faut rejoindre le chemin de la Vacherie (route clef) qui vous mènera jusqu’à Frelinghien
A Frelinghien, la Belgique s’ouvre à vous via la rue du pont.
Je vous mets un partage Google Maps mais son itinéraire calculé est « optimisable » je ne sais pas si le partage tiendra compte de mes petites modifs manuelles sur la carte. Quoiqu’il en soit vous pouvez vous inspirer de ça. (Eviter la D57 +++ trop de voitures qui roulent vite)
Ensuite, en arrivant en Belgique, vous pouvez apercevoir au bord de la route, les fameux « points route ».
Point route 33, Fietsroutes et snickers (Rapha et Ekoï c’est vraiment plus possible, je suis désolé mais j’ai des restrictions budgétaires, la dette toussa)
Les points route sont des panneaux blanc et vert installés sur le bord des routes belges. Ils dessinent tout un maillage de route « tranquilles » pour les cyclistes. Si vous devez passer sur une grande artère, ça sera le moins long possible et/ou sur une cyclable. Je rappelle au passage qu’il est obligatoire pour un cycliste d’emprunter les pistes cyclables en Belgique.
Sur le site Fietsroute.org, vous pouvez voir tous les points route et programmer votre sortie. Tout est en flamand, alors il faut être un petit peu débrouillard mais c’est très facile.
Dans la barre de boutons blanc et vert, cliquez sur Fietrouteplanner. La carte s’ouvre, par défaut elle n’est pas centrée sur Ploegsteert/Comines qui nous intéresse lorsqu’on arrive de Lille par Frelinghien.
Centrez vous sur la zone de départ, vous verrez un numéro 16. Ensuite cliquez de numéro en numéro pour tracer votre parcours. Sur la gauche de la carte, les points s’enchaînent et vous voyer la distance du circuit s’allonger comme autant de plaisir en plus
Wis c’est effacer : soit le dernier point soit la totalité.
Print route vous donne un ruban blanc à scotcher sur le cadre pour suivre de point en point. Veillez à bien scotcher l’ensemble pour le rendre imperméable.
Vous pouvez aussi exporter en GPX pour le mettre dans le répertoire NEWFILES de votre Garmin Edge pour avoir une route à suivre sur l’écran de votre fragile GPS.
Voilà ! Vous êtes parés pour des aventures extraordinaires ! Personnellement, je vous conseille de filer vers Ieper et ses canaux, c’est top et avec un peu de courage et des snickers vous arriverez jusqu’à la mer !
Ce post est amicalement dédicacé au Capitaine Didier traceur de routes magistrales et fin connaisseur du moindre pavé de travers sur ces routes (RIP Scott) !
UPDATE
Le webmaster du site Fietsroute m’a gentiment contacté pour m’indiquer qu’une version francophone existait là http://www.fietsroute.org/planificateur-velo-belgique
par ailleurs, je vous ai tracé sur Strava un parcours de 50 km au départ de Lambersart pour vous mettre sur le bon cap. C’est la boucle matinale classique du capitaine. https://www.strava.com/routes/8642598
Update 2019
Les points route devraient débarquer en France
Update oct 2019
Ca prend vie ! https://www.facebook.com/DroitAuVelo/photos/gm.710771919387169/2454801367945542/?type=3&theater
Le nombre d’Eddington
Sir Eddington était un astrophysicien anglais. Il est entre autre connu pour avoir travaillé à estimer le nombre de protons dans l’univers. J’ai cru comprendre qu’Eddington était également un cycliste accompli. Il aurait imaginé un moyen rigolo de mesurer les accomplissements des cyclistes adeptes des longues distances.
J’ai découvert cette mesure grâce à l’excellent Veloviewer. Ce nombre d’Eddington se définit par le nombre maximum « d » où a été accomplie la distance d au moins d jours.
Hum hum. #toussotement
On la refait avec un exemple : j’ai fait au moins 55 sorties de 55 km, mon nombre d’Eddington à vélo est 55 km. Il faut que je fasse 3 sorties de plus 56 km pour que mon nombre passe à 56 km. Il faut que je fasse encore 81 sorties d’au moins 100 bornes pour passer à 100 km. Le nombre a une unité, ainsi en miles, ça donne 43 miles.
On peut aussi jouer avec le temps passé ou le dénivelé. J’ai par exemple fait 105 sorties de 105 minutes au moins en CAP. J’ai vu grâce à Veloviewer que j’étais assez proche de 106, j’ai donc un petit objectif en rab lors de mes sorties longues : faire au moins 1h46 pour faire monter ce nombre à 106.
Vous trouverez un article en anglais racontant le défi que ça peut-être de faire monter ce nombre là.
Ici, un outil pour rapidement estimer votre nombre d’Eddington en pompant les données sur Strava.
Marrant ce petit jeu non ? Notez que certains sont très forts ça :
http://eddingtonnumbers.me.uk/
Et après ça, y’en a qui trouve que loguer ses sorties, c’est relou. pfff.
Les petits carrés
Petit billet de blog sur les petits carrés de Veloviewer. Ça fait des années que j’utilise VeloViewer et je trouve cette web app fort sympathique. Je vous avais déjà parlé du score d’Eddington que je trouve fort marrant. J’ai enfin passé le 100 km symbolique il y a quelques temps et c’était cool d’avoir de temps en temps cette motivation d’aller chercher les sorties à 3 chiffres pour monter mon chiffres d’Eddington. Récemment, j’ai redécouvert les petits carrés VeloViewer et je trouve ça assez ludique ! Je vous explique.
Dans Veloviewer, le monde a été quadrillé selon une projection « rectangulaire » avec des carrés qui font approximativement 1 mile de côté (1,6 km). La gamification autour de ces carrés/carreaux/tiles s’articule en trois volets :
parcourir un maximum de carreaux de part le monde
faire la plus grande surface contigüe (aka cluster) c’est à dire une zone où vous avez parcouru tous les carrés adjacents
faire le plus grand carré de petits carreaux (max square)
en bonus, le site RideEveryTile.com répertorie aussi le plus grand carré de petits carreaux parcouru en une seule sortie (c’est un peu le paroxysme du caractère forrestgumpien de la chasse aux petits carreaux)
Dans Veloviewer, sur la page d’accueil « Summary » vous pouvez voir le nombre max de petits carreaux que vous avez parcourus, votre plus grand cluster et la taille du plus grand carré de petits carreaux. Pour ma part, je suis passé dans 4842 carreaux différents, j’ai un cluster de 697 carreaux et un grand carré de 21×21. Sur cette carte vous pouvez voir les carreaux que j’ai parcouru près de chez moi (les traces rouges sont les traces GPS de mes activités) :
On peut déjà bien s’amuser en essayant de monter ses stats sur les carreaux traversés, mais le jeu dans le jeu, c’est de se comparer aux autres, et il y a une véritable compétition mondiale pour le haut du classement ! C’est ainsi que j’ai eu la surprise de découvrir que le champion du monde du plus grand carré de petits carreaux habitait tout près de chez moi et qu’il avait parcouru au fil des années, un carré de 114×114 ! Il est passé partout de Dunkerque à Reims ! C’est un truc de fou !!
Pour ma part, ce petit jeu constitue une motivation supplémentaire pour aller rouler un peu plus loin que les parcours habituels. Et puis, au fil du temps, j’aimerais bien être dans le premier décile en matière du nombre de carreaux traversés, pour le moment je suis dans le top 20%, je me place à 83,8% parmi toute la population des athlètes qui utilisent Veloviewer.
Si vous aimez explorer le territoire autour de chez vous, j’avais écrit une autre petite note plus philosophique là. J’adore la connaissance améliorée du territoire que me procure le vélo, le fait de tracer des parcours à suivre, etc.
Bonus : Le regard et le territoire
Mercredi matin. Salle de repos. Mes collègues gaziers sont survoltés par l’arrivée d’un distributeur de café Starbucks à l’hôpital. Moi, ça me laisse pantois et je glisse dans mes pensées…
Starbucks. Pour moi, c’est la cristallisation sucrée de notre société complexe. J’imagine que perdu à l’étranger ce genre d’endroit est rassurant. Le jeune voyageur chanceux retrouve un environnement familier et confortable qui lui sied. Il peut profiter de son smartphone (ersatz égotique masturbatoire anxiolytique <- oui ça ne veut rien dire) grâce au Wifi gratuit. Notre consommateur de café existe alors grâce aux Likes glanés à coup de photos de muffins sur les réseaux sociaux. Le regard des autres est capté grâce à des mèmes qui permettent de recréer une communauté. Le territoire de notre ami fait approximativement 0,01 m².
J’ai le sentiment que cette échelle rabougrie nous fait du mal. Nous avons besoin d’espace, nous avons besoin d’air, nous avons besoin de voir plus loi qu’à un mètre. Attention, je ne souhaite pas que mon billet devienne une note agressive contre la technologie. Je l’aime la technologie. Mais, tout comme je pense que le confort et la routine du quotidien n’excluent pas la conscience des risques et de l’aléatoire (et je glisse doucement vers le hors-sujet), je pense que nous avons besoin de maîtriser un territoire géographique.
Le corps est notre petit territoire. Nous pouvons essayer de le nier, il se rappellera à nous. J’aime le sport, car il me permet d’explorer à la fois mon microcosme et mon macrocosme. C’est vraiment un truc qui me plait dans la course à pied, la natation en eau libre ou le cyclisme, c’est la quête de nouveaux points de vue. En parcourant un terrain, on l’amadoue ou on se laisse amadouer (choisissez votre camp) et finalement, on comprend mieux où l’on est. On regarde la carte, on cerne les creux, les bosses, les étendues d’eau et les noms de lieux éveillent souvent la curiosité. La toponymie nous en dit long sur notre histoire et concentre en quelques lettres tous les mélanges dont nous sommes issus.
J’ai bien aimé l’analyse d’Axel Kahn dans son livre Pensées en chemin des territoires en souffrance. L’industrie morte, l’agriculture démesurée et l’administration (lointaine) omnipotente ont dépossédé les hommes de leur territoire. Sans un optimisme fort, il est difficile de construire une nouvelle économie qui permettent des échanges afin de connaître et de faire reconnaître son utilité dans le cercle humain qui nous entoure. Dans les grandes échelles, les hommes ne se reconnaissent plus, ils ne se regardent plus, les autres ne sont plus que des objets. On est alors entouré de personne, il n’y a plus de regards pour se sentir vivant et l’angoisse existentielle flambe.
En Médecine aussi, je perçois l’importance du regard et du territoire. Au plus j’avance, au plus j’ai l’impression de comprendre l’importance du regard clinique et du regard empathique qui donnent du sens à mes soins. J’ai l’impression de n’être pertinent que lorsque je suis à côté du patient. Je ne sais pas optimiser, rationaliser ou planifier à grande échelle. Je suis désolé pour l’administration, mais je n’y arrive pas et mon expérience de travail dans de grosses équipes ne m’a que moyennement enthousiasmé…
En guise de conclusion, je vous invite à prendre une carte et d’entourer avec votre doigt la surface que vous avez explorée autour de chez vous uniquement grâce à la mécanique unique de votre corps. Ça fait réfléchir.