(english version at the bottom)
Nutrinet et les LLM
La nutrition est le thème du moment chez moi. C'est un sujet qui revient régulièrement et je trouve ce sujet toujours passionnant. Le hasard a fait que j'ai été récemment dans une période de trois jours où je devais noter ce que je mange pour une étude épidémiologique appelée Nutrinet. (Avertissement : le site au design des années 2000 pique les yeux !) Depuis quelques années, j'avais eu la flemme de remplir les questionnaires alimentaires. Il se trouve aussi que j'avais développé une forme de dédain pour cette étude parce que je trouvais qu'ils ne publiaient pas de travaux très sexys alors qu'il me semblait qu'ils suivaient une population très importante. De plus, à force d'écouter Peter Attia répéter que les études épidémiologiques en nutrition sont de la merde, j'avais fini par le croire... Retour de balancier, j'ai été fasciné par l'écoute des explications de Chris McGaskill de la chaîne YouTube Viva Longevity! et ses interviews de vrais épidémiologistes qui expliquent l'inférence de la causalité. Vous me direz que je fais la girouette qui suit un nouveau courant d'air intellectuel. Peut-être. Mais en tout cas, je trouve beaucoup plus convaincant d'entendre des explications sur les qualités de l'épidémiologie que de la réfuter en bloc.
Cette année, j'ai rempli consciencieusement mes trois questionnaires nutritionnels de l'étude Nutrinet. (Vous pouvez rejoindre la cohorte si le cœur vous en dit ! Il n’y a rien à gagner sinon d'offrir un peu de temps pour une Science qu'on espère bien faite, et un peu de connaissance de soi comme on va le voir dans la suite de cet article.) Je me suis amusé à passer un rapport alimentaire à la moulinette de Google Gemini, Grok et ChatGPT pour obtenir les ratios de macronutriments à partir de la liste des aliments et leur quantité. Je ne me lasse pas des prouesses de ces modèles de langages. En quelques prompts, Google Gemini m'a analysé un PDF contenant une liste d'aliments, m'a proposé une infographie en HTML interactif et même la possibilité de générer d'autres idées de repas sur la base des aliments listés. J’ai essayé d’intégrer le code HTML dans cet article, mais Substack ne le permet pas.
Voici de simples captures d'écran du rapport de Google Gemini
Sur les trois jours :
Grok me propose :
Il y a des bizarreries dans les calculs qui s’expliquent facilement, il faut donc garder du contrôle en sachant vérifier et faire quelques calculs soi-même.
Les surprises de l’analyse des macronutriments, réflexion sur les acides gras saturés
L’estimation “à la louche” reste éclairante, et la génération de code HTML responsive en deux prompts m’impressionne. Et on touche alors un point intéressant : connais-toi toi-même. Noter, compter et analyser permet de repérer des forces et faiblesses pour améliorer son alimentation et générer des réflexions. Par exemple, je suis surpris par les 30 g de graisses saturées. Elles proviennent d’un peu de beurre pour dorer mes pignons, du banana bread maison, mais surtout… de l’huile d’olive ! Et mise en abîme de la réflexion : je pense que je tombe dans le même piège que le sportif qui mange de façon “trop libérale” avec mon utilisation de l’huile d’olive. Dans ma tête je peux en faire une utilisation larga manu car je l’associe à un aliment “santé” et je pense que je verse de l’acide oléique. Erreur ! l’huile d’olive contient entre 10 et 16 grammes d’acides gras saturés. Je ne sais pas s’il faut intrinsèquement “diaboliser” les AGS, mais tout de même, les chiffres s’additionnent et je frôle déjà le plafond recommandé malgré l’alimentation végétale ! Ajouter une viande cuite au beurre et quelques biscuits et on se rend compte que l’addition peut vite monter ! encore une question à creuser : est-ce qu’en soi l'acide palmitique est un catalyseur de l'athérosclérose ? Probablement que le contexte et l’ensemble des nutriments autour des AGS et du mode de vie jouent leur rôle. Restons zen.
Sportifs : quand les calories cachent des pièges
Revenons à ma réflexion sur le sportif qui mange “tout ce qu’il veut” avec un petit paquet de junk food puisque ça donne des calories “faciles” et qu’il faut bien les faire rentrer ces calories ! On a déjà parlé ici de la possibilité d’un risque d’accélération de l’athérosclérose chez certains sportifs d’endurance. Je me faisais la réflexion qu’en ingurgitant 3000-4000 kcal, il est de facto beaucoup plus facile ou beaucoup plus risqué (sic) d’apporter 35, 40, 50 ou plus grammes de graisses saturées. Et peut-être que la masse absolue de lipides saturés ingurgités impacte la santé cardio-vasculaire. Et je ne parle pas de la consommation de produits très transformés type boulangerie-pâtisserie industrielle qui peut encore contenir des graisses végétales hydrogénées sources d’acides gras trans dont on est certain de la nocivité ! A contrario, pour nous brosser dans le sens du poil (attention l’athlète esthète s’épile) je continue de penser que le sport nous donne quand même plus de marge de manœuvre qu’une personne sédentaire car la balance énergétique globale reste un point crucial. J’aimerais qu’une personne compétente en épidémiologie m’explique ce travail par ex…
ou celle-ci :
From french fries to couscous
Enfin, je me sens pleinement à l’aise avec une alimentation végétale. J’ai la sensation de vivre une forme de déclic. Comme l’ancien fumeur qui a fait la bascule dans sa tête et qui vous le dit. Bien sûr, il faut que tout ça résiste à l’épreuve du temps, voir comment ça se passe dans les évènements sociaux, comment intégrer tout ça en famille et jouer la carte du long terme. Pour le moment, je suis à l’aise avec l’idée d’utiliser un peu de fromage ou un œuf. Mais beaucoup plus timidement qu’avant. Mon poids est stable, je me sens normal quand je fais du sport. Les étapes à creuser sont la nécessité ou non de se supplémenter en EPA et DHA d’origine végétale (algues ?), creuser le sujet du tofu et du seitan pour comprendre s’il s’agit de produits ultra-transformés ou non. Il est vrai que les haricots, les lentilles et les céréales reviennent souvent mais la comparaison avec le schéma viande-féculent qui revient en boucle peut aussi se faire. En m’amusant avec les épices, les sauces, les herbes aromatiques, j’ai l’impression d’avoir plus de couleurs dans mon assiette et de surprises sur mes papilles. J’ai de la marge pour arbitrer mes macros, probablement que sur les grosses séances de sport je monterai les apports de cacahuètes voire je m’autoriserai un shake de protéines en poudre en vérifiant la liste des émulsifiants (ennemis du microbiote !) et dans une optique longévité, je pense que je peux manger un peu plus de glucides et moins de lipides. Au départ je me suis plongé dans tout ça pour faire l’inverse mais je suis un peu marri par l’objectif de monter l’oxydation des lipides à l’effort, j’ai alterné entre bonne sortie à vélo et test d’effort très déconcertant à l’hôpital (sujet à creuser). Pour le moment, la santé est mon moteur numéro 1, il y a beaucoup d’autres raisons de se tourner vers les plantes pour son alimentation. Beaucoup me séduisent aussi mais je veux calmer mon côté passionné-prosélyte et juste vivre le truc à ma manière. Quand je vois d’où je viens et que les seules plantes que je mangeais gamin c’était des frites… le chemin a été long !

P.S. 28/07/25 deux jours après publication de ma note, j’ai trouvé l’étude EPIC-CVD où c’est l’aliment vecteur d’acides gras saturés qui impacte le pronostic et non l’item AGS per se.
English version below
Nutrinet and LLMs
Nutrition is the hot topic at my place right now. It’s a subject that comes up regularly, and I always find it fascinating. By chance, I recently went through a three-day period where I had to log everything I ate for an epidemiological study called Nutrinet. (Warning: the website’s 2000s design is an eyesore!) For the past few years, I’d been too lazy to fill out the dietary questionnaires. I’d also developed a kind of disdain for this study because I felt they weren’t publishing very exciting work, even though it seemed to me they were tracking a huge population. Plus, after hearing Peter Attia repeatedly say that epidemiological studies in nutrition are garbage, I ended up believing him... But then, a shift happened: I was captivated by Chris McGaskill’s explanations on the YouTube channel Viva Longevity! and his interviews with real epidemiologists who explain causal inference. You might say I’m a weather vane, chasing the latest intellectual breeze. Maybe. But I find it far more convincing to hear explanations about the strengths of epidemiology than to dismiss it outright.This year, I diligently completed my three Nutrinet nutritional questionnaires. (You can join the cohort if you feel like it! There’s nothing to gain except giving a bit of time to science we hope is well done, and gaining some self-knowledge, as we’ll see later in this article.) I had fun running a food report through Google Gemini, Grok, and ChatGPT to get macronutrient ratios based on the list of foods and their quantities. I never tire of these language models’ feats. With just a few prompts, Google Gemini analyzed a PDF containing a list of foods, offered me an interactive HTML infographic, and even suggested generating other meal ideas based on the listed foods. I tried to embed the HTML code in this article, but Substack doesn’t allow it.Here are simple screenshots of Google Gemini’s report:
Over the three days:
Grok suggests:
There are some oddities in the calculations that are easily explained, so you need to stay in control by knowing how to double-check and do some calculations yourself.
Surprises from Macronutrient Analysis: Reflections on Saturated Fats
The rough estimate is still enlightening, and the generation of responsive HTML code in two prompts blows me away. This touches on an interesting point: know yourself. Tracking, counting, and analyzing helps identify strengths and weaknesses to improve your diet and spark reflections. For example, I was surprised by the 30 g of saturated fats. They come from a bit of butter to toast my pine nuts, homemade banana bread, but mostly… olive oil! And here’s a deeper reflection: I think I’m falling into the same trap as the athlete who eats “too freely” with my use of olive oil. In my mind, I can use it larga manu because I associate it with a “healthy” food, thinking I’m pouring oleic acid. Wrong! Olive oil contains between 10 and 16 grams of saturated fats. I’m not sure if saturated fats (SFA) should inherently be demonized, but still, the numbers add up, and I’m already brushing up against the recommended ceiling despite a plant-based diet! Add some meat cooked in butter and a few cookies, and you realize the total can climb fast! Another question to dig into: does palmitic acid, in itself, drive atherosclerosis? The context, surrounding nutrients, and lifestyle likely play a role. Let’s stay calm.Athletes: When Calories Hide Pitfalls
Back to my thoughts on the athlete who eats “whatever they want” with a small pack of junk food because it’s “easy” calories and you’ve got to get those calories in somehow! We’ve already discussed the potential risk of accelerated atherosclerosis in some endurance athletes. I was thinking that when you’re consuming 3,000–4,000 kcal, it’s inherently much easier or riskier (sic) to take in 35, 40, 50, or more grams of saturated fats. And maybe the sheer amount of saturated lipids consumed impacts cardiovascular health. And I’m not even talking about highly processed products like industrial bakery goods that may still contain hydrogenated vegetable fats, sources of trans fats, whose harm we’re certain of! On the flip side, to stroke our egos (watch out, the refined athlete waxes!), I still think sports give us more leeway than a sedentary person because the overall energy balance remains crucial. I’d love for an epidemiology expert to explain this study, for example…
or this one:
From French Fries to Bulgur
Finally, I feel completely at ease with a plant-based diet. I’m experiencing a kind of epiphany. Like a former smoker who’s made the mental shift and tells you about it. Of course, it needs to stand the test of time, to see how it goes in social events, how to integrate it with family, and to play the long game. For now, I’m comfortable with using a bit of cheese or an egg. But much more sparingly than before. My weight is stable, and I feel normal when I exercise. Next steps to explore include whether or not to supplement with plant-based EPA and DHA (algae?), and digging into tofu and seitan to understand if they’re ultra-processed or not. It’s true that beans, lentils, and grains come up often, but you could make the same comparison with the repetitive meat-and-starch pattern. By playing with spices, sauces, and herbs, I feel like there’s more color on my plate and surprises for my taste buds. I have room to tweak my macros; during intense sports sessions, I’ll probably up my peanut intake or even allow myself a protein shake, checking the emulsifier list (enemies of the microbiome!). For longevity, I think I can eat a bit more carbs and fewer fats. Initially, I dove into this to do the opposite, but I’m a bit frustrated by the goal of increasing fat oxidation during exercise. I’ve alternated between great bike rides and a very unsettling stress test at the hospital (a topic to explore). For now, health is my number one driver. There are many other reasons to turn to plants for your diet. Many appeal to me too, but I want to temper my passionate, preachy side and just live it my way. When I think about where I started, with the only plants I ate as a kid being fries… it’s been a long journey!