Ce matin, je suis allé à l’hôpital pour faire une épreuve d’effort. Je vous passe l’aventure de simplement se rendre à l’hôpital comme chaque matin en vélo tant il y aurait chaque jour des tas de trucs à dire. Il va vraiment falloir que je refasse un billet de vieux con sur le vélotaf un de ces 4 pour expurger mes humeurs !
Je trouve les arceaux vélo dans le gigantesque nouvel Institut Coeur Poumon du CHU et je monte dans ce vaisseau spatial déposé au milieu du CHU. Ce bâtiment gigantesque constitue la vitrine du CHU en terme de modernité. Je trouve le decorum un peu froid à côté de notre historique Hôpital Huriez mais je reconnais que ça a l’air fonctionnel avec de grands espaces de travail.
Ma cardiologue a très gentiment accepter de me concocter un protocole de test d’effort plus long que le standard pour mieux stabiliser les échanges gazeux et identifier avec plus de finesse les seuils. Ceci permettrait d’avoir de meilleurs repères pour l’entraînement par rapport à une épreuve d’effort incrémentale classique. Pour ça, elle s’est basée sur un échange d’emails datant de cet été où j’étais bien plus en forme qu’aujourd’hui. Quand elle me présente le tableau de marche, je me dit que je vais être en difficulté mais ça n’était pas dingue non plus.
Rassurante, l’infirmière m’annonce que le pix de puissance théorique pour mon gabarit est de 185W, youpi, ça je peux le faire quand même !! Pose d’une voie veineuse au pli du coude gauche pour prélever plusieurs lactatémies et il va être temps de grimper sur le cyclo-ergomètre.
Me voilà harnaché dans les cables ECG et les tuyaux aspirant les gaz sur le masque. Playlist de Noël pour l’ambiance et c’est parti pour 8 minutes à 130 watts. Dès le début, je sens que ça va être difficile : le masque, l’absence de ventilo, l’ergonomie du vélo contribuent tous à augmenter la sensation de difficulté… A 160 watts, je sais au feeling que je dois être à plus de 140 de pulses (77% FCMax). Ma ventilation s’accélère et je dois glisser gentiment vers le premier seuil. J’enchaine avec 8 min à 190 watts. Démoralisé, je ne me sens pas bien, le ressenti est trop dur par rapport à ces malheureux 190 watts. Cet été, c’était le haut de zone d’endurance, plus difficile que de la promenade mais gérable longtemps. Aujourd’hui, la sensation est plutôt comme du seuil. Je suis en souffrance morale autant que physique. Le laborantin, sympathique, annonce que la lactatémie monte gentiment, il a l’habitude que ça monte plus vite… c’est sympa à entendre mais je sais que la population qui vient ici est plutôt fatiguée et pas vraiment entraînée… Je tiens mon palier de 8 minutes mais en voyant ma tête, la cardiologue décide de ne pas faire les 8 minutes à 220 watts, c’est plus raisonnable. Elle doit voir que je suis déjà bien élevé en FC et les échanges gazeux devaient traduire un passage du deuxième seuil ventilatoire ? Elle monte la résistance du vélo plus rapidement pour chercher le plateau de VO2. Quand on doit aller vers 250 W, je ne comprends pas, je suis stupéfait de ma faiblesse, mais il faut s’arrêter. Subjectivement, je suis au max en terme d’effort ressenti et de ventilation.
10 mmol/L de lactate, 180+ de fréquence cardiaque, essoufflement maximal, je suis bien cramé, je dois m’arrêter…
Je savais que j’étais désentraîné, surtout à vélo, mais je ne m’attendais pas à une telle déconfiture. Depuis la fin de l’été, j’avais un focus sur la musculation pendant septembre octobre, et j’ai eu un mois de novembre merdique avec enchainement d’une infection respiratoire et de petits tracas du quotidiens qui m’ont pris du temps… J’ai probablement atteint un nadir dans le volume d’entraînement en ce mois de novembre 2023.


J’ai du mal en ce moment à trouver de la motivation pour le Sport. Je reste très motivé à bouger régulièrement avec une optique santé mais j’ai carrément du mal à envisager une compétition. J’ai l’impression de tourner en rond et j’ai eu du mal à trouver du plaisir dans les compétitions en 2023. J’ai l’impression d’en avoir faites par réflexe plus que par envie. Il y a quand même eu de bons moments mais j’ai l’impression que le COVID a cassé la dynamique de recherche de performance qui s’était bien installée sur 2018 et 2019…
Franchement, j’ai l’impression d’être à un embranchement dans ma vie sportive avec 10 ans de pratique du triathlon et 14 ans de course à pied. Est-ce que j’accepte un déclin de performance pour faire d’autres choses (plus de musculation, de lecture, d’écriture ?) ou est-ce que je me réveille et je cherche à remettre l’épanouissement dans les sports d’endurance en priorité ? Je ne sais vraiment pas quoi faire.
Je suis dans une espèce de paralysie de la décision avec une impression de petite déprime. Me connaissant, je sais que je tire du plaisir et de la satisfaction d’efforts intenses, peut-être que ça me ferait du bien au moral de refaire monter la FC au sein d’exercices calibrés ? Est-ce qu’il faut simplement accepter de tourner une page ? Pour positiver, j’arrive quand même à trouver des moments sportifs auxquels m’accrocher. J’observe qu’en natation par exemple, je fais un focus sur l’endurance, et j’ai des progrès sur mon ressenti. Mon cerveau accepte beaucoup mieux qu’il y a quelques semaines les séances longues et lénifiantes. D’un autre côté j’accepte bien l’idée de travailler essentiellement sur la santé plutôt que la performance, ça met beaucoup moins la pression au quotidien de simplement se bouger versus chercher à suivre un programme d’entrainement pour performer (mais avec cette vision, on a tendance à glander dès qu’il pleut comme ce matin…)
Que faire ?
Et vous, avez-vous des moments comme ça où vous questionnez la routine établie depuis des années ?
Nous faisons un sport ou il y a beaucoup d'auto exigence, nous maintenons cette auto exigence quelques années, 2 ans, 5 ans ou plus puis on commence à se demander pourquoi on s impose a soi même autant de discipline d'entraînement, autant d'effort, autant de temps passé dans l'effort loin de la sérénité à être plus cool avec soi même....
Je n'ai jamais eu ton niveau mais je m imposais le sport parfois un peu trop. Trop pour mon corps et trop pour mes émotions. J'ai pu constater que trop de sport ( trop souvent, trop intense) pouvait nuire à mes émotions et me rendre triste, anxieux.
Les 42 ans, l'analyse de ce schéma d'auto exigence, me conduise à envisager le sport plus santé avec quelques séances qui piquent, avec des randonnées en marche à pied qui me donnent de la joie. Par contre être sur le départ d un petit triathlon M regionnal, quel plaisir !! , quel petite adrénaline sympa, même si je met 3 h pour le finir et courir le 10km en 1h, peu importe ....
Voilà je pense que dans le triathlon nous avons beaucoup d'auto exigence et pour ma part, j'interroge et remet juste un peu en question ce schéma de pensée
hmm ca me rappelle des souvenirs. Tant sur l'optimiste de l'épreuve d'effort que l'aquoibonisme sur la compète. Je pense que le moment pivot c'est quand tu sais que quel que soit l'entraînement tu ne pourras plus progresser. Au final, c'est ca qui est cool en compétition: te dire que tu peux faire mieux. Il y des exceptions - Mohammed Yamani à 58 balais fait toujours des marathons mais c'est toute sa vie, il est quasi pro. Dans des vies denses avec un boulot intéressant et en était curieux de beaucoup de choses, comme tu l'es, c'est difficile d'être monomaniaque. Et en vieillissant on prend plus conscience du temps qui passe et de l'importance de son allocation (s'entrainer 15 heures par semaine, pour quoi faire exactement - qu'est ce qu'on pourrait faire de plus en s'entrainant moins, qui aurait plus de valeur, de sens ...) et on commence à séparer sport compétition et sport "bien-être / longévité" - on sait tous les deux que c'est pas la même chose.
Donc ne plus avoir envie d'un truc dont on a eu envie pendant 15 ans c'est perturbant mais c'est normal. Moi j'ai plus envie de jouer de guitare en ce moment ! - mais ca nous force à nous poser la question de pourquoi on fait ça et le plaisir qu'on en tire.
Il vaut mieux ne plus avoir envie de faire de compétition et d'avoir envie de soigner sa longévité plutôt que de vouloir continuer à faire toujours la même chose et se flinguer physiquement.
Donc peut être tu as un coup de mou, après tout du tri on peut en faire longtemps, mon beauf en fait toujours à 67 ans ... mais c'est aussi OK d'avoir envie de faire autre chose si tu sens que tu as fait le tour ... Bises !