J’ai commencé à écrire des billets de blog lors du démarrage de ma préparation du marathon de Chicago du 10/10/10. Quatorze ans après, j’écris toujours sur la course à pied. Une boucle de répétition se forme dans ma tête.
Il y a un an, je cherchais une aventure collective, au moins une course vécue en binôme. A tâtons, j’ai compris qu’il était difficile de trouver des partenaires dans les sports d’endurance, enfin, dans mon cercle de personnes câblées comme moi qui prévoient tout à l’avance du moins… j’étais un peu empêtré dans mon propre jeu… il y a une forme d’égoïsme qui nous enkyste dans nos habitudes de sportif.
Ceci compris, j’ai continué mon focus sur la natation pour la Monte-Cristo et je pensais régulièrement à faire plus de course à pied une fois la séquence natatoire passée. Ceci motivé par la disparition des bobos de coureur en faisant de la musculation et mon envie d’aller en montagne. A la lecture du calendrier, retourner sur le Trail des Aiguilles Rouges apparaissait comme une évidence. Une épreuve fin septembre ça laisse l’été pour se préparer. Parfait.
Je me suis donc inscrit le 1er avril tout content de retourner à Chamonix 12 ans après avoir participé à cette même course. J’avais eu la chance d’être introduit au trail en montagne par des copains plus expérimentés. Je m’étais laissé porter par leur enthousiasme à aller en montagne sans être conscient de la faiblesse de ma carcasse. Ça avait été difficile, très difficile, et c’est resté un rite initiatique pour moi tant j’ai souffert dans la dernière montée du Prarion et j’ai vécu ce moment si incroyable où l’on repart après avoir touché le fond. (C’est un souvenir très fort dont je me suis servi en auto-hypnose dans la préparation du Challenge Roth par exemple.) Je suis plein de gratitude pour Cyril, François et Yannick pour m’avoir permis de participer à ce premier trail. Je ne suis pas sûr de moi mais en 2011 j’ai en tête qu’après avoir fait deux marathons j’avais envie de faire une autre course, je me racontais d’ailleurs que lorsqu’on dépassait 42 km, on rentrait dans le monde de l’ultra. LOL.
J’ai alors demandé à mon pote Matthieu s’il voudrait m’accompagner là bas, et à ma grande surprise il a rapidement dit oui ! J’étais super content. Matthieu allait amener deux potes à lui Dom et Louis avec qui nous formeront un bon petit groupe pour nous préparer au TAR.
En matière de préparation, je vais être beaucoup plus spécifique qu’en 2012 avec beaucoup plus de dénivelé et de terrain montagnard grâce à un stage aux Saisies en juillet et aux vacances familiales à Morzine. Lorsque j’ai regardé ma préparation en 2012, je constate que je devais avoir un bon moteur grâce à la préparation du marathon de Paris en avril mais a posteriori j’ai été assez “relax” dans mon approche il y a 12 ans : pas tant de volume que ça, pas de dénivelé, pas de musculation. Du 1er juin 2012 au 28 septembre 2012, je retrouve 57h d’activités à pied pour 672 km et un dénivelé négligeable. Le pattern remarquable à cette époque était que je pouvais faire des sorties longues d’une vingtaine de km à une vitesse élevée. Et une fois en août j’ai su en faire deux d’affilée. En 2024, je n’ai clairement pas la même vitesse, mais j’ai l’habitude de caser plus de volume. Ainsi, du 1er juin au 26 septembre j’ai fait 1100 km à pied, 128h d’activité et autour de 20 000 m de D+. J’ai parsemé cet entraînement de séances intenses, mais c’est l’endurance facile qui a dominé l’entraînement :
A côté de ça, j’ai ciblé les exercices de musculation sur les jambes : squats, deadlifts, calf raises. 23 séances de muscu pour 17h. Une séance hebdo m’a paru un bon dosage pour moi, je trouve qu’on conserve plus facilement les gains de force que la vitesse dans les sports d’endurance.
Le stage aux Saisies sera l’occasion de souder le groupe de débiles et de tester la logistique. Mon sac à dos Ultimate Direction n’a pas l’air aussi bien que le Salomon qu’on voit partout mais il fera l’affaire. Mes bâtons de 12 ans d’âge sont abîmés mais répondent à ma demande. Les apprentissages les plus importants du séjour ont été les chaussures : les pompes Nnormal (Tomir 2 ou Kjerag) ne sont pas pour moi, les Hoka Mafate Speed (même pointure qu’en Salomon soit 42 2/3) m’iront beaucoup mieux en descente. Oui on peut faire des sorties longues en montagne sans avoir les orteils explosés. Seul défaut que je trouve au Mafate Speed est le laçage qui est faiblard. Ensuite, j’ai redécouvert que l’intestin prend des chocs en courant longtemps en montagne. Je ne peux pas manger autant qu’en vélo pour espérer apporter l’énergie nécessaire à un effort long et intense. Deux adaptations en ont découlé : cibler autour de 40 g par heure, essentiellement à base de pâtes de fruit Décat et savoir maîtriser l’intensité, même si j’aime me pousser en montée, il va falloir doser l’effort. J’ai pu observer secondairement à Morzine que même lorsque je me sentais en endurance facile mon lactate oscillait entre 1,4 et 1,9 à la fin des montées. Il est donc probable que même facile je crame pas mal de glucides dans les efforts de montée. Lors du stage de juillet on fera aussi une partie du parcours du TAR, c’est super de reconnaitre le parcours, je trouve que ça aide beaucoup pour se projeter, imaginer l’effort, etc.
et bien sûr tartiflettes frites pour s’en remettre !
L’été se passe, la rentrée arrive. Smooth Life. Je fais des boucles autour du Kemmelberg pour cumuler 500 de D+ en 18 km ! J’arrive sans bobos et assez confiant pour le TAR fin septembre. Je ne me sens pas du tout “de caisse” ou affuté. Je n’ai mesuré aucun progrès en endurance (changement d’efficiency factor NP/avg HR) ou ressenti plus de facilité sur des sorties longues. J’ai gagné de la confiance mentale dans mon habileté à évoluer longtemps en montagne et à descendre en trottinant sans être détruit musculairement. C’est un vrai plus pour car mon expérience du trail dans les années 2010 a toujours été marquée par les dégâts musculaires que je ressentais pendant la course. Les Templiers ont été terribles pour ça, je ne savais plus descendre ces raides coteaux parmi lesquels ont évolué sur la fin de course…
to be continued…