Attendre et Espérer
Monte-Cristo 2024
A l’arrivée de l’hiver 2023-2024, je glissais gentiment vers une petite déprime. Vous êtes quelques uns à l’avoir senti à travers ma note de ce blog qui racontait ma déception de ne plus savoir produire autant de puissance en vélo.
Pour avancer, j’ai décidé d’allouer mon énergie au Défi Monte-Cristo. Il s’agit d’une épreuve de natation dans la Méditerranée à Marseille. Il y a plusieurs formats de course. Quitte à y aller, j’ai choisi un truc qui me faisait peur : 6 km en mer sans palmes. Bim.
La course fait référence au Comte de Monte-Cristo puisqu’elle démarre de l’île du château d’If sur laquelle Edmond Dantès est enfermé dans le roman d’Alexandre Dumas.
J’en entériné que cette “course” serait mon objectif de ma saison, je me suis alors organisé pour nager plus que d’habitude. Les premières briques se sont posées pendant les vacances de Noël où je bossais l’endurance et surtout le mental, je me suis poussé à plus de 5k sur une séance. Je me suis aidé de palmes et je pense d’ailleurs que l’usage raisonné des palmes m’a aidé à construire un meilleur schéma moteur avec mes jambes. Kudo à la MNS qui m’a sorti de l’eau (alors qu’il restait du temps) à 100 m de mon record de distance : ne changez rien, c’est parfait comme ambiance.
J’arrive donc content de ma pré-prépa à ma séance de coaching en janvier à Londres avec Julian. Le truc le plus important de notre rendez-vous est qu’il m’a expliqué à quel point Le Comte de Monte-Cristo est important pour lui. J’ai été très sensible à son histoire et il devenait alors évident que ce livre et cette course allaient s’aligner pour construire aussi mon histoire. La séance filmée dans l’eau a été l’occasion de débloquer un vieux manque de confiance et de me donner des devoirs à fairepour construire l’endurance nécessaire. Je ressors de là boosté à bloc au point de me laisser guider dans un restaurant où ma joie a contribué à faire exploser l’addition…
De retour à Lille, je démarre le programme d’entraînement, je reconnais le talent du coach dans le dosage fin de la difficulté. J’entame en parallèle la lecture du roman dans la magnifique édition Litera de chez Gallmeister : vraiment une très belle découverte, je reprends mon confiance dans ma capacité à retrouver de l’attention pour me plonger dans une grande histoire. Je ne peux que vous conseiller cette lecture. C’est le genre de livre qu’on a immédiatement envie d’offrir en souhaitant à ceux qu’on aime le même plaisir de lecture.
Je fais un peu de ménage dans mes habitudes pour trouver du temps pour nager, je sacrifie clairement le vélo et… ça me fait un bien fou. Dans le tri il faut constamment jongler entre les trois sports et tirer temporairement un trait sur le vélo m’a fait énormément de bien mentalement. En passant je remercie Fred pour son accompagnement dominical, j’aime bien ces petites discussions éclair(ée)s sur le trajet vers l’ouest.
Arrive, le stage de tri à Lanzarote que j’avais programmé un an à l’avance ne sachant pas alors quels seraient mes objectifs. Je prends beaucoup de plaisir à m’entraîner sans pression avec la Team Nagi et j’apprends que je peux encaisser ce que je pense être un gros volume en avalant un kg de pâte d’amande sur la semaine (4400 kcal) ! Je découvre le bénéfice des petits ploufs du soir, où l’on se contentait de faire 10x50 super relax et de papoter un peu avant le dîner, top souvenirs… j’ai eu quelques moments plus difficiles pour des raisons totalement extra-sportives et j’ai bien ancré en moi ces kilomètres de flotte avalés avec les dents serrées en me disant que c’était mon amen corner à moi, c’est là qu’il fallait persévérer dans l’effort. Je m’en suis souvenu. (25 heures de sport sur le stage et beaucoup de calories ingurgitées !!)
Le mois d’avril va vite passer, je construis le mental sur de longues séances où j’atteins 4k sans petites roues et les bras se font aux exercices d’intensité progressive (la fameuse Red Mist Session). En mai, les vacances familiales à Florence me font du bien mais je cherche quand même à nager, l’angoisse de la perte… je fais des kilomètres à pied pour trouver deux piscines fermées au public coup sur coup, je garde le morale et j’arrive quand même à caser une séance un matin pluvieux. Paumé dans le complexe sportif, j’ai réussi l’exploit de me changer chez les filles sans m’en rendre compte ahaha ! Heureusement, je n’ai pas fini en prison et j’ai été gentiment accompagné vers le bon vestiaire !
Le mois de Mai avec ses jours fériés sera l’occasion de battre des records de volume pour moi, 22 km la semaine des 8 & 9 mai. C’est peu pour un nageur mais pour moi c’est beaucoup ! Si mes vitesses sur différentes distances étalons plafonnent, j’ai l’aisance mentale d’enquiller 100 longueurs d’affilée durant lesquelles je m’oblige à ne pas regarder d’horloge. J’amadoue le temps qui passe en m’intéressant aux rythmes des entrées et sorties des nageurs dans ma ligne, “untel au bonnet bleu est là depuis le début, il vient de sortir, ça doit peut-être faire 30-40 min que je nage, la dame qui alterne dos et brasse est arrivée bien après le début de la séance, elle semble se reposer plus souvent, etc.” Je profite de me replonger dans les souvenirs de cette longue séance de patience-training pour remettre içi un lien vers le post “la ligne noire” d’Olivier Silberzahn. J’avais beaucoup aimé ce blog quand j’ai débuté dans le triathlon. Allez le lire, en plus les posts de photos sont magnifiques ! (De façon amusante, je viens de finir La Vallée du Silicium d’Alain Damasio et ça me fait plein de connexions neuronales avec les livres d’Olivier qui sont très bons !)
Suite à cette grosse séance de 5 km, je ressens des douleurs dans l’épaule gauche à la séance suivante. Pas de panique mais je cogite : il me faut un plan d’action, il va falloir maintenir de la nat’ sans bourriner pour garder la situation soutenable. Je serais bien aidé dans ces “petites douleurs d’affûtage” par le soutien psychologique et technique de mon pote Antoine qui m’apprend des exercices d’activation de la coiffe des rotateurs au pied levé un dimanche soir.
Le dimanche suivant, je fais “pour du beurre” le triathlon M du Val Joly. Je suis trop timide au départ en nat’ (mauvais souvenirs de Gérardmer m’ont placé derrière au départ) et je mets pas mal de temps à passer des lignes de gros costauds. Vers le premier tiers de course je déroule vraiment bien avec une franche accélération où je me sens facile après la dernière bouée. Je nage les 1500 m en 25 min, ce qui est bon pour moi, l’épaule n’a pas fait parler d’elle avec l’ambiance de course. Je fais le reste de la course en gestion avec du plaisir en finissant fort. Un bon déblocage comme disent les cyclistes.
Finalement, on est déjà dans la dernière ligne droite, elle est passée tellement vite cette prépa ! Semaine cool avant la course : une petite garde et ça sera sauna, natation super relax, plein de calories et du sommeil ! La logistique à préparer est légère comparée à un tri et ça fait du bien. Je prévois quand même une deuxième paire de lunette au cas où je viendrais à perdre mes lunettes au départ. Je passe de bons moments avant la course c’est agréable, ça m’aide à oublier un peu l’épaule qui couine…
En route pour Marseille ! Dans le train, j’apprends par un message de Patrick que le vent souffle fort et que la houle impose l’annulation du 5 km de la Monte-Cristo qui devait avoir lieu ce matin. Le suspense monte d’un cran mais je reste quand même confiant, je sais que je donne surtout de l’importance à la préparation et si je dois aller nager en mer avec deux trois copains pour le symbole, on le fera. A Saint-Charles, le soleil de Marseille éblouit ma fragile rétine de chti. Sur la route de l’hôtel je me délecte des navettes achetées quartier Saint Victor, le vent souffle très très fort à ce moment… mes lunettes s’envolent ! (à chaque fois que je fais tomber mes lunettes, je me rappelle comme je suis content d’avoir acheté des lunettes modestes plutôt qu’un truc hype…) Arrivée à l’hôtel, petit nuage dans le soleil marseillais : j’ai réussi l’exploit d’oublier mon maillot de bain ! Pas de natation, aujourd’hui : plutôt un petit footing pour aller découvrir les Terrasses du Port équivalent d’Euralille avec la mer, des bateaux et une basilique à proximité ! J’arrive au resto le soir avec le maillot de bain Décat’ en main dans une douce chaleur estivale. Je me réjouis vraiment de faire cette épreuve.
Le lendemain matin, direction la “plage” du Prado pour papoter avec Jean-Marie et Sophie qui ont eu la gentillesse d’improviser un coucou dans mon rythme de touriste un peu désorganisé. J’ai très envie d’aller goûter l’eau pour aligner mes idées et mon corps et je déchante grave : c’est vraiment froid !! Je me faisais tout un fantasme de longue traversée en Méditerranée avec une eau agréable à tout point de vue et c’est la débandande : l’eau pique mon nez et je sens mes muqueuses sinusiennes se rétracter et tout mon visage se crisper à chaque immersion. Avec mon physique de haricot vert, je crains le froid. Même si Wim Hof m’a appris à respirer (LOL), je reste un petit sprat qui craint pour sa motricité dans l’eau froide…
Je me réchauffe dans la course vers le restaurant qui nous attend pour un horaire très précis. Le VTC en profite, c’est de bonne guerre… Je vais alors m’attabler pile face au château d’If pour un délicieux repas durant lequel mon regard va alterner entre l’eau bleu à mes pieds, accueillante, avec ces citadins qui bronzent sur les rochers et la prison du Château d’If au loin, à près de 2 km du rivage, cernée d’eau froide. C’est frappant comme je vis une douche écossaise de sensations entre la volupté du déjeuner et mes yeux qui ne voient que l’épreuve du lendemain.
Il faut une marche digestive pour assimiler tout ça. Décathlon est mon ami, hop une cagoule et le moral repart. Je n’aime pas improviser un nouveau truc le jour J mais là faut arbitrer les risques. Petite évolution dans Marseille pour trouver l’excellente boutique de chocolats Signouret que je vous conseille pour ses bonbons pralinés. De retour à l’hôtel, un plouf dans la piscine pour tester les bras. L’hôtel est évidemment rempli de nageurs baraqués présents pour la Monte-Cristo et tout à chacun s’observe comme dans le village d’une épreuve Ironman… c’est ainsi qu’une dame belge, très prolixe, me raconte ses aventures sur le 5 km de la Monte-Cristo une autre année. Je ne sais pas si la tension monte d’un cran mais j’ai froid malgré le soleil éblouissant.
Heureusement arrive une super soirée organisée à l’improviste par Marion & Stéphane où j’aurais plaisir à discuter et dîner avec des gens que j’apprécie énormément. J’aimerais leur dire à quel point ils ont été et restent importants pour moi mais j’ai peur d’être intrusif ou creepy, alors je contrôle mon émotivité naturelle. Très bizarrement, j’accepte même un verre d’alcool et je ne regarde pas du tout ma montre alors qu’on avance sensiblement dans la soirée. Je me fais chambrer sur mes biais cognitifs habituels, c’est marrant :) Je crois que ça m’a fait beaucoup de bien de ne pas gamberger sur la course pendant la soirée.
Sur la route retour vers l’hôtel, je sens par contre un rush très anormal de cortisol à cette heure de la nuit, le pic matinal est très avance !!! je suis rebranché sur mon objectif de l’année ! ahhh ces petites secousses émotionnelles qu’on est nombreux à aimer dans une épreuve sportive… Je peux vous assurer que la Monte-Cristo a bien coché cette case pour moi !
Le lendemain matin, la mer est calme, le ciel est bleu, ça parait idéal. Sur le village de la Monte-Cristo, je retrouve une tête connue avec Olivier de Lille Tri, sa tranquillité me fait du bien. néanmoins mon système nerveux sympathique me signale qu’il reste très éveillé en m’invitant à repasser aux toilettes (4x ce matin !! rien que ça !) On papote avec des Marseillais qui connaissent bien la course, chacun y va de son anecdote, c’est sympa : la voiture sous-marine, les méduses volantes à multiplication instantanée, les sauveteurs sous-marins et les naïades qui servent le champagne à l’arrivée ;)
Vient le moment de monter dans le dernier bateau. Alea jacta est ! la bande originale de Rocky est diffusée ! Je l’ai tellement entendue dans mes entrainements sur le home-trainer avec mes vidéos cheezy… c’est un bon présage pour moi ! En passant, y’a le sparring partner d’Ivan Drago à deux sièges de moi : armoire à glace de 1,90 m 120 kilos en maillot de bain* tandis que je tiens fermement ma cagoule et mes gants (oui oui on n’est jamais trop prudents quand on est anesthésiste). On est très vite sur l’île. J’ai honte a posteriori : je n’ai même pas un regard pour le château, pour Edmond Dantès et l’abbé Faria. Je suis concentré sur mon habillage car je sens que tout va aller très vite à partir de ce moment.
Il faut littéralement se jeter à l’eau. Dès que je m’allonge sur l’eau je me sens super bien, je sais que ça va aller, la cagoule fait bien son effet et ça me rassure. Mes pieds sont saisis mais les mains sont protégées. Bon, les gants vont être un peu chiants avec toute la flotte que je remonte à chaque coup de bras mais je préfère la sécurité. Je laisse prudemment les rugbymen-nageurs partir, j’ai envie de kiffer mon départ et de chercher l’eau loin devant avec mon bras droit.
Je vois très mal les bouées, et je suis content d’avoir des repères sur la côte qui m’ont été conseillés par les locaux. Je vise donc le restau dans lequel j’ai mangé la veille ;) Ma montre bipe pour les premiers 500 mètres mais je ne la regarde pas. Je ne la regarderai jamais d’ailleurs. Les bras tournent très bien. Je ne pense pas à mon épaule. Ce qui occupe mon cerveau c’est l’orientation. Tout au long de la course je chercherai les bouées et/ou un nageur à suivre. Premier gros virage à droite, bien sûr faut mettre un peu de rythme, ça passe facile. Ah tiens on se prend un peu de courant dans le pif ici. L’île Degaby est un repère facile, sauf que je ne sais pas où c’est le plus judicieux de passer. J’avance bon gré mal gré. Après les îles, je me retrouve tout seul, je ne sais pas ce qui s’est passé, je vois bien une fille là encore un peu plus loin à ma droite. Bien sûr, je regamberge quant au fait d’être parti dans une mauvaise direction. Bien sympas, les kayakistes de la sécurité nous réorientent vers les bouées rouges que je n’aurais pas vues sans eux. On se retrouve le long de la côte. “Déjà ?!”' je pense… les bras tournent super bien, la cagoule commence à me frotter un peu dans le cou, mais je n’ai pas froid et je me sens très régulier, physiquement je suis vraiment dans un état de flow qui est si plaisant et rare. Il n’y a que ma petite agitation mentale autour de l’orientation qui égratigne un peu ce qui aurait pu être une forme d’ataraxie sportive. J’en viens à me demander si je n’ai pas coupé à un moment, il n’y a vraiment plus grand monde autour de moi… Je vois bien la grande roue au loin vers le Prado et elle me servira de repère sur cette longue “ligne droite” du retour. Je retrouve un nageur efficace devant moi, j’ai l’impression que je pourrais le passer facilement mais des petites prémices de crampes dans les mollets et la réassurance d’être entouré me font rester sagement derrière. Je vois déjà la dernière bouée blanche : “c’est pas possible, c’est passé trop vite”. Je m’attendais tellement à éprouver ma patience, à devoir juguler du dialogue interne pessimiste, j’avais préparer mes astuces, mes mantras, mes pensées contra-négatives… On passe la bouée, je vois l’arrivée, je suis un peu ému et je ralentis, je ralentis franchement, je veux faire durer cette nage… je finis par crapahuter sous le portique d’arrivée. Reprendre la position debout est un peu laborieux, j’ai quand même un peu froid (et l’afterdrop arrive) et je suis content d’avoir joué la prudence. Je découvre mon chrono, 1h45, je n’en crois pas mes yeux, c’est passé si vite…
Je suis quand même un peu fragile à cette arrivée, j’aurais du réfléchir à mieux me réchauffer pour profiter de l’ambiance et de la belle organisation…
L’après-midi d’après course, ma prépa trail pour la suite de la saison commence en montant déposer ma gratitude aux pieds de la Bonne Mère pour ce séjour mémorable à Marseille… quel bon week-end…
*Après avoir écrit cette note, j’ai fait quelques recherches au hasard et je me demande s’il ne s’agissait pas de Jacques Tuset qui est une légende de la natation en eau libre !!
### Wait and Hope
**Monte-Cristo 2024**
As winter 2023-2024 approached, I gently slipped into a mild depression. Some of you noticed this through my blog post about my disappointment in no longer being able to generate as much power on the bike.
To move forward, I decided to channel my energy into the Monte-Cristo Challenge, a swimming event in the Mediterranean Sea in Marseille. There are several race formats, and I chose one that scared me: 6 km in open water without fins. Bam.
The race references The Count of Monte Cristo, as it starts from the island of the Château d'If, where Edmond Dantès is imprisoned in Alexandre Dumas' novel.
I decided that this "race" would be my season's goal and organized my schedule to swim more than usual. The first steps were taken during the Christmas holidays, where I worked on endurance and, more importantly, my mental strength, pushing myself to swim over 5 km in one session. Using fins helped me build a better motor pattern with my legs. Kudos to the lifeguard who pulled me out of the water (with time left) just 100 meters from my distance record: don't change a thing, it's perfect as it is.
I felt good about my initial preparation when I headed to my coaching session with Julian in London in January. The most important takeaway was Julian explaining how significant The Count of Monte Cristo was to him. His story deeply moved me, making it clear that the book and the race would align to shape my journey. The filmed session in the water helped me overcome an old confidence issue and gave me the necessary tasks to build the required endurance. I left there so pumped that I let myself be guided to a restaurant, where my joy contributed to a hefty bill…
Back in Lille, I started the training program, recognizing the coach's talent in finely calibrating the difficulty. Simultaneously, I began reading the novel in Gallmeister's beautiful Litera edition: a wonderful discovery that restored my confidence in my ability to immerse myself in a grand story. I highly recommend this book. It's the kind of book you immediately want to gift, hoping others will enjoy it just as much.
I made some changes in my habits to find time to swim, clearly sacrificing cycling... and it felt fantastic. In triathlon, you constantly juggle three sports, and temporarily dropping cycling did wonders for my mental state. A shoutout to Fred for his Sunday support; I enjoy our enlightening little chats on the way west.
The triathlon camp in Lanzarote, planned a year in advance without knowing my goals, was a delight. Training without pressure with Team Nagi, I discovered I could handle what I considered a high volume, consuming a kilogram of almond paste (marzipan) over the week (4400 kcal) ! I enjoyed the evening dips, where we did 10x50 super relaxed and chatted a bit before dinner, creating great memories… Some moments were tougher for non-sporting reasons, but I anchored those kilometers of water swallowed with gritted teeth, telling myself this was my Amen Corner, where perseverance was key. I remembered that (25 hours of sport in the camp and many calories consumed!!).
April flew by as I built mental resilience through long sessions, reaching 4k without fins, and my arms adapted to progressive intensity exercises (the famous Red Mist Session). In May, a family vacation in Florence was refreshing, but I still sought to swim, anxious about losing progress… I walked miles to find two closed pools in a row, kept my spirits up, and managed to fit in a session on a rainy morning. Lost in the sports complex, I humorously realized I'd changed in the women's locker room without noticing! Fortunately, I didn't end up in jail and was kindly directed to the correct changing room!
May, with its holidays, was an opportunity to set volume records, hitting 22 km the week of May 8th and 9th. It's little for a swimmer but a lot for me! Though my speeds plateaued on various benchmark distances, I mentally handled 100 consecutive laps without checking the clock. I softened the passing time by noting the rhythms of swimmers entering and exiting my lane, "the guy with the blue cap has been here since the beginning, he just left, it's probably been 30-40 minutes, the lady alternating backstroke and breaststroke arrived well after the session started, she seems to rest more often, etc." Recalling this long patience-training session, I want to share a link to Olivier Silberzahn's post "la ligne noire." I loved this blog when I started triathlon. Go read it, and enjoy the beautiful photo posts! (Interestingly, I just finished Alain Damasio's La Vallée du Silicium, which connects many neural dots with Olivier's excellent books!)
Following this significant 5 km session, I felt pain in my left shoulder during the next one. No panic, but I pondered: I needed a plan to maintain swimming without aggravating the situation. My friend Antoine's psychological and technical support, teaching me rotator cuff activation exercises on a Sunday night, was invaluable.
The following Sunday, I participated in the Val Joly M triathlon "for fun." I was too timid at the swim start (bad memories from Gérardmer put me at the back), taking time to pass the strong swimmers. In the first third of the race, I found my rhythm with a strong acceleration, feeling at ease after the last buoy. I swam the 1500 m in 25 minutes, a good time for me, and my shoulder didn't bother me amidst the race atmosphere. I managed the rest of the race with pleasure, finishing strong. A good "unlock" as cyclists say.
Finally, the last stretch is here; this preparation flew by! A relaxed week before the race: a light on-call shift, sauna, super relaxed swimming, plenty of calories, and sleep! The logistics are lighter compared to a triathlon, which is nice. I plan to bring a second pair of goggles in case I lose mine at the start. Pre-race moments are pleasant, helping me forget my whining shoulder…
On the way to Marseille! On the train, Patrick's message informed me that strong winds and waves led to the cancellation of the Monte-Cristo 5 km that morning. The suspense heightened, but I remained confident, knowing I valued the preparation most. If necessary, I'd swim in the sea with a few friends symbolically. At Saint-Charles, Marseille's sun dazzled my fragile northern eyes. On the way to the hotel, I enjoyed the shuttles bought in the Saint Victor district, the wind blowing very hard... my goggles flew off! (Every time I drop my goggles, I'm glad I bought modest ones instead of something hype...) Arriving at the hotel, a small cloud in the Marseille sun: I managed to forget my swimsuit! No swimming today: instead, a little jog to discover Les Terrasses du Port, Euralille's equivalent with the sea, boats, and a nearby basilica! I arrived at the restaurant in the evening with a Decathlon swimsuit in hand, in a gentle summer warmth. I'm really excited to take on this challenge.
The next morning, I headed to the "beach" of Prado to chat with Jean-Marie and Sophie, who kindly improvised a meetup in my slightly disorganized tourist schedule. I was eager to taste the water to align my mind and body, and it was a rude awakening: it's really cold!! My fantasy of a long Mediterranean swim with pleasant water shattered as the cold water stung my nose, my sinus mucosa retracted, and my face tightened with each immersion. With my thin build, I fear the cold. Despite Wim Hof's breathing techniques (LOL), I remain a little sprat worried about my motor skills in cold water...
I warmed up during the run to the restaurant waiting for us at a precise time. The VTC took advantage, which is fair game... I then sat right opposite the Château d'If for a delicious meal, alternating my gaze between the inviting blue water at my feet, with city dwellers sunbathing on the rocks, and the distant Château d'If prison, nearly 2 km from the shore, surrounded by cold water. It was striking how I experienced a Scottish shower of sensations between the delightful lunch and my eyes fixated on the next day's challenge.
A digestive walk was needed to digest everything. Decathlon came to the rescue, a hooded cap, and my morale rebounded. I don't like improvising new things on race day, but I had to weigh the risks. A small tour around Marseille led to the excellent Signouret chocolate shop, which I recommend for its praline candies. Back at the hotel, a dip in the pool to test my arms. The hotel was obviously filled with muscular swimmers there for Monte-Cristo, and everyone observed each other like in an Ironman village... A Belgian lady, very talkative, shared her Monte-Cristo 5 km adventures from another year. I'm not sure if the tension rose a notch, but I felt cold despite the blazing sun.
Thankfully, Marion & Stéphane's impromptu dinner provided a wonderful evening, filled with great conversations and company. I wish I could tell them how much they've meant and still mean to me, but I fear being intrusive or creepy, so I control my natural emotions. Strangely, I even accepted a drink and didn't check my watch as the evening progressed. I got teased about my usual cognitive biases, which was funny :) I think it did me a lot of good not to ruminate about the race during the evening.
On the way back to the hotel, I felt a very unusual cortisol rush late at night, my morning peak was very early!!! I'm reconnected with my annual goal! Ahhh, these little emotional jolts we sports enthusiasts love... I assure you, Monte-Cristo ticked that box for me!
The next morning, the sea is calm, the sky is blue, it seems ideal. At the Monte-Cristo village, I find a familiar face, Olivier from Lille Tri, and his calmness is comforting. Nevertheless, my sympathetic nervous system signals that it is still very alert by making me visit the bathroom four times this morning! We chat with some locals from Marseille who know the race well, each sharing their own anecdotes: the underwater car, the instantaneously multiplying flying jellyfish, the underwater rescuers, and the water nymphs serving champagne at the finish line.
Then comes the moment to board the last boat. Alea jacta est! The Rocky soundtrack is playing! I’ve heard it so many times during my home trainer sessions with my cheesy videos… it’s a good omen for me! Incidentally, Ivan Drago’s sparring partner* is sitting two seats away from me: a 1.90 m, 120-kilo tank in a swimsuit, while I am holding my hood and gloves tightly (yes, you can never be too cautious when you’re an anesthetist). We quickly reach the island. In hindsight, I’m ashamed: I didn’t even glance at the castle, at Edmond Dantès, or at Abbé Faria. I’m focused on getting dressed because I sense everything will happen very quickly from this moment on.
You literally have to jump into the water. As soon as I lie down in the water, I feel great, I know it’s going to be okay, the hood is working well and it reassures me. My feet are freezing but my hands are protected. Well, the gloves are a bit annoying with all the water I’m scooping up with each stroke, but I prefer safety. I cautiously let the rugby-swimmers go ahead, wanting to enjoy my start and reach out far with my right arm.
I can hardly see the buoys, and I’m glad to have the landmarks on the coast suggested by the locals. So, I aim for the restaurant where I ate the day before ;) My watch beeps for the first 500 meters but I don’t look at it. I won’t look at it at all, actually. My arms are working very well. I’m not thinking about my shoulder. What occupies my mind is orientation. Throughout the race, I will be looking for the buoys and/or a swimmer to follow. First big right turn, of course, you have to pick up the pace a bit, it goes smoothly. Oh, we’re getting a bit of current here. The island of Degaby is an easy landmark, but I don’t know the best way to pass it. I advance more or less steadily. After the islands, I find myself all alone, not sure what happened, I can see a girl a bit further to my right. Naturally, I start worrying again that I might have gone in the wrong direction. The friendly kayakers from the safety team guide us towards the red buoys that I wouldn’t have seen without them. We find ourselves along the coast. “Already?!” I think… my arms are working super well, the hood starts to chafe a bit at my neck, but I’m not cold and I feel very steady, physically I’m really in a state of flow that is so pleasant and rare. Only my slight mental agitation about orientation slightly mars what could have been a form of sporting ataraxia. I start to wonder if I might have cut a corner at some point, there really aren’t many people around me… I can see the Ferris wheel in the distance towards the Prado and it will serve as a landmark on this long “straight line” back. I find an efficient swimmer ahead of me, I feel like I could pass him easily but some early signs of cramps in my calves and the reassurance of being surrounded make me stay sensibly behind. I already see the final white buoy: “It’s not possible, it went by too fast.” I was so prepared to test my patience, to deal with internal pessimistic dialogue, I had prepared my tricks, my mantras, my counter-negative thoughts… We pass the buoy, I see the finish, I’m a bit emotional and I slow down, I slow down significantly, I want to prolong this swim… I end up scrambling under the finish arch. Standing up again is a bit laborious, I’m a bit cold (and the afterdrop kicks in) and I’m glad I played it safe. I see my time, 1h45, I can’t believe it, it went by so fast…
I’m still a bit fragile at the finish, I should have thought about warming up better to enjoy the atmosphere and the beautiful organization…
The post-race afternoon, my trail prep for the rest of the season starts by going up to lay my gratitude at the feet of the Bonne Mère for this memorable stay in Marseille… what a great weekend…
*After writing this note, I did some random research and I wonder if it was Jacques Tuset who is a legend of open water swimming!!
Beautifully written Remi!👏😎
ben tu nous fait du blog papier maintenant ??? tu as perdu ton logiciel d'OCR :-)
C'est sur que c'est plus personnel ...