Une fois que le corps était prêt pour le Trail des Aiguilles Rouges, il faut encore un peu de logistique pour s’aligner sur la ligne de départ. Je revérifie le matériel qui avait servi tout l’été. Les bâtons sont fatigués mais je suis attaché à l’idée de les user jusqu’à l’os. Je prépare ma roadmap avec les temps de passage que je scotche sur les bâtons, ça m’a rappelé des souvenirs du GRP… En matière de calories à ingurgiter, je sais que les pâtes de fruit Décat’ seront à la base du flux entrant dans mon cycle de Krebs mais j’ai aussi besoin d’un peu plus costaud et de variété. Je passe donc une nouvelle commande sur le site Lyophilise.fr. Les pauvres ont subi un hack massif via leur hébergeur de données. Si les cryptos n’existaient pas, je me demande s’il y aurait autant de ransomwares… J’ai toujours trouvé sérieux et bien achalandé ce site, soutenez les ! Je me suis aussi amusé à faire un petit raccourci iOS pour rentrer facilement, en course, dans une note, les glucides et calories ingurgitées de manière à faire une compta à la fin. N’est pas control freak qui veut !
La semaine de préparation a été rythmé par le visionnage du documentaire d’Arte sur DJ Mehdi, supers émissions, même pour moi qui n’écoutait pas ces musiques à l’époque… la bande-son de la semaine et du road trip sera donc remplie de DJ Mehdi et en premier lieu Pocket Piano :
En route pour Chamonix ! La route ne me fait vraiment plus peur depuis l’achat de la Tesla, auparavant je détestais ça… C’est confortable, on fait des pauses en suivant l’ordinateur de bord, je me sens en sécurité : easy does it ! Plusieurs fois, nous avons été les seuls au superchargeurs, n’en déplaise à tous ceux qui disent que c’est compliqué… Avec l’augmentation du confort, je me prends à aimer les road trips, c’est propice à la discussion ou à la réflexion. Avec Matt, j’étais très bien accompagné et même lorsqu’il dort, je suis content d’être à côté de lui, c’est peut être une déformation professionnelle ! L’arrivée à Chamonix se fait bien, Cosmic Gate aura bien rythmé le trajet. Louis a fait le check-in de l’Appart Hôtel Aiguille Verte qui se révèle être très cool. Bon spot pour un séjour à Chamonix, je le conseille ! on va être bien. Evidemment la Balek Team est très enthousiaste pour s’envoyer de la fondue direct. Tout pour le fat loading ! Direction le resto ! J’ai plaisir à retrouver les quelques rues du mythique Chamonix, moins de plaisir en voyant les menus des restos, ma radinerie a du mal à encaisser l’inflation, mais les restaurateurs abusent avec une fondue aux champignons à 33 euros par personne ! l’hallu ! ils se la garderont ! On passe un premier très resto très sympa où Louis, passionné, nous raconte ses découvertes sur le fonctionnement de la PCR, j’espère qu’il obtiendra la belle publication qu’il mérite… Le lendemain, ce sont les achats de dernière minute. Je ronge un peu mon frein, je m’imaginais faire du jus, allongé avec mon bouquin… mais l’excitation est déjà là et je n’arrive pas trop à rentrer dans mon livre… On va récupérer nos dossards en début d’aprem le samedi. Le directeur de course est très sympa, il nous montre quelques photos des sentiers enneigés en train d’être balisés. A cette heure Chamonix est sous un couvercle nuageux avec des petites averses, la météo prévoit au contraire une superbe météo pour le lendemain, hâte de voir ça !
Le soir, quelques すし pour une alimentation facile et on essaye de se reposer… c’est compliqué ! encore plus quand un SMS de l’orga nous prévient (assez tard) que le parcours est finalement modifié à cause de la neige. Du coup, on part une heure plus tard.
Un faux sommeil plus loin c’est le réveil en fanfare avec Signatune de DJ Mehdi ! On est comme des débiles à manger nos œufs (à l’huile d’olive !) en musique. C’est marrant comme l’ambiance était plus sage il y a 11 ans, je me souviens aussi de la musique dans la voiture très tôt le matin… La route est courte jusqu'à l’aire de départ et se fait bien à pied sans attraper froid. Nous sommes parfaits dans le timing et le départ est rapidement donné.
Comme prévu, j’ai vite chaud avec la veste et le départ en pente raide. Il y a du monde. Les copains m’attendent au premier virage mais je leur rappelle de faire leur course, ça va s’étirer… ça va d’autant plus s’étirer que le paysage est magnifique avec cette mer de nuage juste à notre niveau et la chaîne du Mont-Blanc baignée de la lumière de l’aube. Tout le monde s’arrête prendre des photos, et ça sera mon excuse pour décrocher de la Balek Team Survitaminée, trop forts pour moi.
Ça bouchonne un peu sur les singles tracks et les petits passages d’escalier ou ruisseaux. C’est pas grave, je ne suis pas pressé, je sais que je suis dans le rythme vis à vis de la barrière horaire du ravito de Servoz. On arrive au point du Parc Merlet et là je m’apprête psychologiquement à revivre la longue descente casse-pattes qu’on avait faite lors de notre reco de juillet mais finalement on prend plus “vertical” dans la pente et c’est surtout glissant et boueux ! J’arrive bien en forme à Servoz au bout de 2h40 de course alors que j’avais prévu 2h45, parfait ! Par curiosité je demande par SMS mon classement à mon pote Antoine qui suit la course à distance et il me répond un truc dans les 550 (sur 650 partants dans ma tête !). Petite erreur liée à l’égo, je me dis que je vais être un peu moins sur la réserve et monter en puissance dans la longue montée vers le Brévent. J’accélère assez franchement dans le chemin forestier dégoulinant d’eau mais assez vite je me rends compte que je suis en discret surrégime et mon corps appelle du sucre.
Je m’exécute tout en essayant de ne pas perdre de temps à m’arrêter et manipuler le sac. Je me dis que c’est assez débile de ne pas me détendre vis à vis du chrono mais bon, c’est comme ça… j’ai envie d’avancer là où je me sens plus à mon avantage. A la sortie de la forêt, je ne suis pas vraiment requinqué et on peut clairement parler de coup de mou. Je me souviens des conversations qu’on avait à ce moment là, des trucs tellement cons comme “what’s your favorite ABG number ?!'“. Ca me fait sourire… Je colle les basques d’un gars qui tient un rythme qui me convient jusqu’à l’Aiguillette des Houches et je reprends de l’énergie à la vue de ce superbe paysage ensoleillé. Les plantes sont couvertes d’une dentelle de neige, le ciel est bleu, un soleil d’automne (best branding d’EHPAD) nous réchauffe et c’est cool…
Arrive la transition plus “plate” vers le Brévent, alors que je me sens d’habitude plutôt lent sur ces singles où le vrai traileur déploie son talent, là ça se passe bien. Le sucre revient dans les guiboles (ou j’ai adopté inconsciemment une allure compatible avec la longue progression à venir.) la montée au Brévent me parait beaucoup plus facile qu’au moins de juillet où j’étais dans un coup de moins bien sur la fin (le gouverneur central savait que le sommet était un but en soi.) cette fois ci, pas de passage par la case Coca à 27 euros (vous voyez que je suis un obsédé des prix dans le monde CHR), on file directement vers Planpraz. Et là c’est vraiment magnifique, le soleil est haut dans le ciel, le bleu contraste avec le blanc des aiguilles autour du Mont-Blanc c’est incroybale le bol qu’on a après la météo cafardeuse des derniers jours. La descente dans la neige est discrètement périlleuse pour le coureur de plat pays que je suis mais j’arrive en forme au ravito de Planpraz où je ne m’éternise pas.
A partir de là, le parcours va changer et ça me casse un peu dans ma logistique moi qui aime tant prévoir et organiser ma course. On parcours de long singles à flanc de montagne, les chevilles sont sollicités, le soleil tape même un peu et je ne suis pas à l’aise. Je me fais beaucoup doubler. Là encore, je devrais m’en taper le coquillard, mais quand même, ça me travaille. J’essaye de relancer, mais l’énergie n’est pas au mieux. Ca fait quand même sept heures de course, c’est peut-être normal pour un petit gars qui fait des footings d’1h30 d’avoir du moins bien au bout de sept heures de balade. Bref, un peu d’indulgence, j’avance quand même pas si mal. Le cerveau se débranche un peu, je prends moins de photos (dommage) et je vise la Flégère pour me requinquer un peu. Une belle cabriole plus tard sur les rochers, on y arrive enfin et je fais une vraie pause pour grignoter des Tuc et prendre un café. Même si on n’annonce qu’une dizaine de kilomètres, je sais qu’à mon rythme ça va durer encore un bon moment… A la sortie du ravito, une fille surexcitée encourage son frère, elle a l’air d’avoir des bons produits/hormones, j’en prendrais bien un peu ! La descente dans la forêt est jolie mains interminable. C’est un jeu de patience, faut débrancher le cerveau. On forme un petit groupe qui relance régulièrement, je m’accroche à eux pour me botter un peu les fesses. Les signaux sont au vert mais je n’ai pas d’énergie pour pousser mon corps plus loin dans ce qu’il serait capable de faire.
Les encouragements par SMS d’Antoine qui m’annonce une arrivée proche me font du bien, j’accélère un peu histoire de retrouver plus vite les copains, les messages de leur arrivée me font plaisir. J’avance un peu mieux. Comme d’hab’ je finis assez fort ce qui prouve bien que j’en avais sous le pied… Je ne sais pas vraiment combien de temps j’ai mis mais je suis très content d’entendre les Baleks m’encourager à l’arrivée, moment très sympa. Matt me raconte tout de suite que les deux jeunes loups l’ont poussé au max et qu’il est déglingué (je l’aurais parié !! d’où mes photos au début ahahah) mais content ! c’est le Balek Spirit ! L’aire d’arrivée est très sympa mais la fatigue et les cytokines me donnent plus envie d’une bonne douche que d’une croziflette. Néanmoins, je me ferais tracter jusqu’à un bistrot pour boire une bière, avec de l’alcool, c’était obligé par l’esprit de camaraderie anglais. Ca ne pouvait pas finir autrement. Perfide Albion : je suis explosé par quelques centilitres de cervoise.


Un slip propre plus tard, les Baleks sont hyper motivés pour la méga fondue-frites dont ils rêvent, tant par esprit provocateur que par sincère débilité dans les arrangements culinaires ! Mizot’, je suis en vrac et comme après chaque course : les cytokines me coupent tout appétit. Les copains sont bouillax, je me laisse porter… ils veulent déjà remettre ça alors que je ne sais pas encore si je me suis trouvé bien pendant cette course ou pas. Il faudra que ma CRP redescende pour mieux réfléchir à tout ça.
La Balek team se sépare là, sur cette belle journée chamoniarde, la montagne était belle, le cœur a pompé beaucoup de sang et le cerveau a fait pleins de bons souvenirs.
P.S. J’ai compté un peu plus de 2200 kcal ingurgitées pour 3900 kcal d’après Garmin. Je sais que vous attendiez surtout cette info.
Bravo pour cette course !
Et oui, j'attendais surtout le décompte de kcal :-p. Je suis dans le même ratio ingéré/dépensé quand je fais mes longues sorties vosgiennes. ça me rassure du coup :-)
Merci pour ce récit de course , ca doit être une magnifique expérience de faire du trail de montagne .
les paysages sont magnifiques
plus proches des éléments naturels que sur du triathlon