La balek team a de la suite dans les idées, après le Trail des Aiguilles Rouges en septembre 2024, il fallait nous retrouver en montagne. Un peu à reculons, j’ai signé pour rejoindre les autres sur le DXT 55, c’est le mot-clé “Dolomites” qui m’a fait rêver et je me suis inscrit. Je sais que la distance va être exigeante et la date me faisait un peu grincer des dents (pas de prépa montagne en amont contrairement au TAR). J’étais malgré tout (trop) confiant sur ma capacité à encaisser l’épreuve avec ma “préparation physique générale”. C’est un de mes crédos : m’entraîner au quotidien pour être capable de suivre une aventure qui se présenterait à moi.
Petit retour sur mon entrainement depuis le début de l’année. Je me suis engagé pour une Spartan Race en juillet à Morzine. Je voulais en faire mon objectif principal de l’année. Le développement de la muscu m’intéressait… mais je suis peut être allé trop vite et j’ai chopé des douleurs aux coudes assez invalidantes. J’ai la chance d’avoir un muscle anconé médial, c’est un muscle vestigial qui s’est hypertrophié avec du travail de flexion de coude. Ce truc là et un peu d’épicondylite m’ont poussé à renoncer à devenir un champion de tractions… d’un autre côté j’ai musclé mon amitié avec Gab’ ave de très beaux fractionnés à pied et enchaînements vélo-CAP qui m’ont super bien boostés dans ma prépa pour le Valtriman 60 (un tri “olympique” dans ma région). Ces sorties avec mon travail de bourrin basé sur LE “4x8 min” m’ont donné une bonne forme dès avril. J’ai clairement mis mon énergie mentale et physique sur la préparation de ce triathlon régional. Dernier point d’analyse sur les derniers mois : je pense que j’ai su renoncer plus souvent à un entraînement pour arriver plus frais sur du travail plus qualitatif.
Je vous la fais courte : j’ai mis le paquet niveau logistique, entrainement et réflexion sur le Valtriman 60 et j’ai fait une belle course.
Le Dolomites Extrem Trail 55k arrive 13 jours plus tard. Mon travail de dénivelé a du se résumer à un ou deux ponts d’autoroute. Je me sens un peu bizarre le mercredi de la semaine de course, un peu vagal, la petite gêne pharyngée. Classique dans une semaine d’avant course. Je ne sais pas si je décompresse avant de mettre la pression ou si je couve un truc. Je fais mon sac un peu “à la cool” en me gargarisant que faire “seulement” de la course à pied c’est tellement plus facile à gérer dans les préparatifs… morale de l’histoire j’ai oublié quelques petits trucs ce qui est inhabituel pour moi. Dernier petit truc de dernière minute : je réenduis d’imperméabilisant mes deux vestes de pluie.
A l’arrivée en Italie, it rains cat and dogs !! C’est complètement bâché. Retrait dossard facile, après un coup de flip inutile sur le certificat médical qui ne sera pas vérifié le paquetage est remis avec un grand sourire. On auto-certifie nos sacs et notre matos, ça me va très bien ! L’hôtel est paumé à Passo Cibiana et je dois faire un peu d’italien de pacotille pour que les hôtes soient prévenus de notre arrivée car tout est fermé.
Le lendemain je retrouve mes copains à Cortina d’Ampezzo et ça me fait super plaisir ! J’ai eu la bonne idée (totalement esprit balek) de marcher 4-5h en godasses de ville comme un gros touriste, je commence à me dire que je suis vraiment un peu trop détendu face à ce qui m’attend ! Le soir je fais mon sac de façon suboptimale, je prends beaucoup de vêtements par peur d’avoir froid s’il pleut en montagne et beaucoup de nourriture parce que je m’imagine l’aventure à venir comme un festin de barres, de gels et de pâtes de fruits (j’avais oublié que la digestion n’est pas aussi facile en CAP que sur le vélo comme en juillet dernier…). J’embarque aussi la caméra Insta360 X5 avec laquelle je débute pour ajouter un soupçon de complexité. (et comme je n’ai pas arrêté de me le répéter pendant la course, on n’achète pas une caméra pour la garder éteinte dans son sac bordel !)
Réveil automatique vers 2h20 du matin, je prends le risque de rester allongé mais j’ai trois alarmes sur ma montre. (“Two is none” ©Jocko). Je m’équipe vers 3h pour une navette à 3h30 au pied de l’hôtel. Je grignote un bout de pain sec et du très bon jambon italien. La navette est là, nous sommes 4 à embarquer. Je comprends vite que le parcours est celui de repli à cause de la neige en montagne. Dommage mais prudence est mère de sûreté. Conduite sportive du chauffeur, on croise un cerf (animal psychopompe annonciateur de la mort de mon élan vital ?) et en moins de 20 min on est sur la zone de départ. Il fait doux-chilly. J’inaugure les toilettes ce qui est un grand luxe sur une aire de départ d’épreuve sportive mais j’ai moins de chance avec l’unique machine à café qui peine à démarrer. J’attends mes potes attablé à une terrasse de bistrot encore encombrée d’un passage de ce qui ne peut être qu’une troupe d’anglais ! Une fois les potes retrouvés le temps passe beaucoup plus vite, à force de se raconter des conneries on ne voit pas l’heure de départ arriver et l’arche est plus loin que je ne pensais, du coup en étant 1h10 à l’avance je me retrouve à la bourre en fond de peloton ! et c’est avec une belle émotion que l’on s’élance :
Le départ se passe très bien, les chemins sont assez larges, en pente douce, c’est agréable de faire un petit jog à quelques centaines de convives comme ça au lever du jour… Au bout d’une heure on attaque les premiers vrais raidillons dont l’effet est amplifié par la verticalité des parois qu’on pourrait presque toucher des yeux si elles n’étaient pas masquées par la brume. Le passage en single track ralentit fortement la troupe et on profite de courtes descentes pour doubler le “fécalome” comme l’a poétiquement baptisé JC. Quelques kilomètres plus loin, rebelote, crapahutage très pentu dans les bruyères et les ronces. Single track.
Regroupement avec des gars du 70 k voire du 100k. Et ça bouchonne sévère : 38 min pour un km, 1+h pour deux kil… JC n’en peut plus, '“I hate models” vient cogner ses tympans et il défonce la descente avec ses thunder-thighs. Je descends bien plus doucement mais je le retrouve au ravito du refuge Malga Grava. Je repars en trottinant plus doucement, sentant que je n’ai pas trop d’énergie pour relancer. La pente est douce est je prends le temps d’accepter que le chrono va être plus large qu’espéré que fantasmé.
S’en suit une redescente qui me déglingue, la pente est assez raide et j’arrive vraiment sans énergie au ravito de Palanche après une jolie cascade. Je pense que je n’ai vraiment pas assez mangé jusqu’à présent et ça va se confirmer dans la montée très raide qui s’en suit où je suis complètement “collé”. Le moral en prend un coup quand je me fais doubler par des concurrents du 70k dont un papy qui marche extrêmement courbé dans la pente. Il faut absolument mettre un plan d’action en place !! J’avais prévu de la musique si j’étais sub-claquant mais je n’en suis pas là. Il faut surtout que je me resucre, je prends une pâte de fruit et je me mets un planning horaire précis en tête, le temps passe autrement sur une telle épreuve, une heure peut se passer et on ne se rend pas compte qu’on n’a rien mangé.
Je commence le Coke-Train avec le ravito suivant, une fois qu’on commence à s’abreuver de Coca on en veut plus ! Dans mon plan d’action je me fie aussi beaucoup aux montées annoncées par ma montre. Je me sers de ça pour découper la course en tronçon et ce qui nous attend n’est pas méchant, je devrais le faire. Une coureuse française qui me dépasse s’inquiète un peu de la barrière horaire qui est placée 10 bornes devant nous. De rapides calculs m’indiquent que j’ai pas beaucoup de marge mais que j’en ai quand même. C’est bien d’avoir l’habitude de naviguer au cap et à la montre ;) Ravito suivant en haut des pistes de ski je m’accorde ma première vraie pause (de 5 min chrono), je range mon sac en bordel, je remets du sucre rapide à portée de main, je profite de leur excellent saucisson et j’attaque la piste de ski droit dans la pente. Parfait pour nous continuer de nous défoncer les cuisses ! Merci les gars !
Après une brève amélioration en matière de forme je coince à nouveau dans une partie de transition où je devrais avoir la force de relancer après le ravito du col de Staulanza d’où je repars peut-être un peu vite, je mettrais très longtemps à manger les trois tucs que j’ai embarqués. Là je me fie un peu trop à ma montre et j’attends un check point qui n’arrive pas (il devait être à Staulanza en fait) ainsi qu’un ravito. Le terrain n’est pas très difficile mais autour de ce 40ème kil je manque à nouveau d’énergie et la “bête descente facile” vers le dernier ravito de Passo Tamai. Là, je profite un peu plus du ravito et un café va me ressusciter. Il faut enchaîner avec deux montées très raides où je ramasse les morts et je trouve un vrai second souffle. En haut je retrouve l’italien qui me suivait depuis le dernier ravito. Le pauvre est totalement en vrac '“I need a med evac !” LOL, we’re not gonna chopper you buddy (la ref la ref ?), sorry. Je l’aide à enfiler sa veste, l’encourage à manger des trucs simples, l’allonge sur un banc. Je vérifie que son téléphone est chargée (La batteria e ricarricata !) je lui mets une vidéo de David Goggins et je lui souhaite bon courage ! La descente est super longue mais fort de l’expérience du TAR et ses longs balcons + l’odeur de l’écurie me font passer au dessus de la douleur des quadriceps. Je sais que j’en ai pour au moins 1h30 mais je débranche le cerveau, la descente est facile, ça fait du bien de ne pas avoir à regarder où on met chaque orteil. En fin de descente “il reste lucide Thierry il continue de s’alimenter dans cette partie facile”. L’arrivée en vallée est un soulagement, je me sens vraiment prêt du but. Les crampes sont là mais OSEF !
Les coquins d’italiens nous font faire des boucles et reboucles pour visiter leur patrimoine. A la fin je cours dans le champs élagué pour nous. J’ai l'impression d’être dans Gladiator (Cheezy isn’t it ?). Les derniers hectomètres en ville sont très cools et je suis fier d’avoir tenu la bataille et d’avoir relancer quand j’étais cuit au 20ème k.
Merci les copains de m’avoir poussé à vous rejoindre pour cette aventure italienne.
Point data pour mes meilleurs amis ahahah
La trace Strava. Je fais 65 kg. La prise calorique de 2000 kcal est vraiment légère surtout avec les purées de macadamia ça ne fait que 30 g/h de glucides. Je suis trop dépendant des glucides pour consommer si peu et je n’ai absolument pas entrainé cette composante métabolique avant la course. (Je n’ai pas compté les tucs italiens et le saucisson pris aux ravitos, c’est pas négligeable mais c’est quand même très peu) Point matériel : Hoka Mafate Speed impeccables, mes pieds ont bien encaissé malgré l’absence de Nok. Les bâtons Black Diamond font toujours le job. Ma casquette déglinguée est toujours là. C’est marrant comme certains objets que je n’ai pas benchmarké pendant des heures me suivent pendant 15 ans, tandis que des trucs hautement fantasmés déçoivent vite (Oui oui je pense à toi Norda Run). Le sac Ultimate Direction (acheté d’occase oui oui !!) me laisse un peu sur ma faim, j’adorais le précédent qui m’accompagne encore lors des “Jogutes” mais celui-ci a trop de poches, de coins et recoins… peut être que si je prends la caméra, je peux laisser le téléphone en fond de sac, ça m’allègera sur l’avant du sac...
Prépa les 90 jours précédents : 129h de sport, 575 km de course à pied. Un peu d’intensité qu’on retrouve dans la distribution. A comparer aux 138h (en tout) et 1100 km à pied uniquement pour la prépa du TAR. Pour le dénivelé il est inexistant dans ma prépa au DXT contrairement au TAR (24000 vs 2900 dont 400 la veille de la course ahahah !! les deux points culminants de ma prépa D+ sont un Tour aux Buttes Chaumont avec Greg 170D+ et le Valtriman 210 D+ ). 10h de musculation soit 14 séances.
Ca ne vaut rien mais les chiffre de Fitness/Fatigue indiqué la veille du DXT sont : 84 et 57 dans intervals.icu /// Avant le TAR : 58/29. Je pense que j’ai un pic de forme vers fin avril.
Les sorties “longues” à pied (ne rigolez pas) :
Les entraînements avec de l’intensité :
Les entraînements à pied avant le DXT :
Encore des petits graphs (si vous regardez ça de près, dites le moi dans les commentaires, ça me fera marrer !)
moi aussi j'ai plein de graphiques dans intervals.icu
Parfois je les regarde de près pendant des heures. Avec toujours le même constat : je n'apprends rien, je ne peux rien prédire que mon bon sens ne me dicte pas : plus je borne à pied, mieux les courses se passent :)
Le reste n'est que poudre aux yeux ?
exemple côté "muscu" : pas de miracle. J'ai joué avec mon haltère dans mon salon jusqu'à début mars pour la prépa ecotrail et j'ai l'impression d'avoir des gains, d'avoir été solide pour la course et l'enchainement avec le marathon de Paris. Mais ce n'est pas de la montagne
Un coup d'oeil en arrière sur le planning montre... aucun renfo des jambes depuis (un peu de travail d'épaules)
Du coup après 500m de D- en 1 séance (en 4 - 5 descentes) ce dimanche, je gagne 2 jours de courbatures dans les cuisses...
ça m'a fait penser à ton expérience italienne. Bravo d'avoir mentalement accepté que ça ne se passe pas très bien, j'ai l'impression que ça te permet d'en tirer du positif et de laisser de bons souvenirs.
Merci Minou, c'est beau les graphiques ❤🤍💚